"Laisse béton", "écrite en vingt-cinq minutes au dos du carton déchiré d'un paquet de Gitanes", c'est vraiment la chanson qui fait entrer le verlan, et ce mot-là en particulier, dans le langage courant.
Renaud Pierre Manuel Séchan est né le 11 mai 1952, à Paris, dans une maternité du XVe arrondissement. Pour rejoindre très vite, avec son jumeau David, la déjà grande famille dans la maison rose du 6, avenue Paul-Appell, dans le XIVe, où habitent toujours ses parents. Une mère d'origine ouvrière, milieu de mineurs du nord de la France, des ch'timis "catholiques par le baptême, athées par la vie". Un père, Olivier Séchan, professeur d'allemand, traducteur, romancier et protestant.
Hugues Aufray et Georges Brassens sont les deux chanteurs que cite d'emblée Renaud quand on lui pose la question de ses premières influences, ou du déclic, de ce petit je-ne-sais-quoi qui vous pousse, vous projette, vous propulse vers ce désir curieux de "vouloir écrire" des chansons : "Hugues Aufray et Georges Brassens m'ont donné envie de prendre un crayon et un papier, et d'écrire mes premières petites chansonnettes, des poèmes plutôt à l'époque, puisque je n'étais pas encore capable de composer à la guitare. Brassens m'a donné envie d'écrire et Hugues Aufray m'a donné envie de prendre une guitare.
Le jour même, quelques heures après la rencontre d'Evariste, Renaud prend un papier, un stylo, et s'empare d'une guitare qui traînait par là, aligne quelques mots, choisit trois accords parmi les cinq qu'il maîtrise alors, do, mi et la mineur, et se dit : "Tiens, ça fait une chanson! C'est facile au fond de faire des chansons. Je vais en faire d'autres!"
C'est exactement comme ça que tout a commencé, et la première chanson de Renaud, dont le titre ne faisait pas dans l'euphémisme, ce fut "Crève salope".