Ishanti, Danseuse sacrée, tome 1 : Les Larmes d'Isis

Les dessins originaux de cette série doivent être somptueux. Les auteurs font preuves d'une rare maîtrise technique sauf peut-être dans la représentation en perspective de certaines statues ce qui est d'autant plus navrant que le reste de l'image tend vers une volonté très affirmée de rendre le volume avec réalisme en jouant sur les lumières. Ainsi la musculature des personnages est rendue avec beaucoup de finesse dans des poses qui la mettent en valeur dans l'espace et le mouvement (ce qui est la moindre des choses puisque l'héroïne est une apprentie danseuse). Malheureusement le traitement de la couleur des décors et de la lumière ne sont pas à la hauteur des intentions. Quelquefois, (est-ce que j'irai jusqu'à dire souvent ?) les détails d'un visage ou d'un personnage dans son environnement, voire la planche dans sa totalité deviennent difficilement lisibles (**). Ce qui est en contradiction avec l'objectif de réalisme expressif qui semble être le moteur des deux dessinateurs. C'est dans des situations comme celle-ci qu'on se rend compte que le respect systématique du ton local n'est pas toujours une bonne chose en art et plus particulièrement en bande dessinée.

(**) (Le passage par l'imprimerie doit jouer certainement, ne serait-ce que parce que l'homogénéisation des couleurs à la réduction vient accentuer encore plus le côté monochromatique de certaines scènes. J'ai le souvenir d'originaux de J.C. Mézières, dessinateur de Valérian, dont la finesse et l'intensité lumineuse des couleurs n'avaient pas grand chose à voir avec les versions imprimées)