Les femmes préfèrent aux jeunes gens riches qui leur envoient de magnifiques présents, les jeunes gens pauvres qui ne leur adressent que des souvenirs. Plus une femme est contente d'un cadeau, moins elle est heureuse. Et, certes, Miss Underfield doit tenir à Jerriman, mais ce soir elle aimera Hollicott.
Sous les ventilateurs du salon, déjà plein de courants d'air, une vieille dame australienne, vêtue d,un sac à bonbons, casse des rag-times sur un piano qu'elle parvient à rendre mécanique.
La principale rue de Kapurthala traverse la petite ville qu'elle découpe comme un gâteau rose. C'est par cette voie étroite que va passer, se rendant au Durbar, le cortège.
Le peuple entier est sur les toits.
Les éléphants sur lesquels prendront place le Maharajah, le prince héritier et les princes sont transformés en salons. Des parasols d'or servent de plafond.
Dans la cour d'honneur du palais rose, les notables des villes et villages dont le Maharajah est suzerain attendent, assis sur leurs jambes repliées. Ils ont mis leurs habits de fête. Leurs habits de fête sont en or.
Face au trône d'or, une terrasse du vieux palais est affectée aux invités. Un velum bleu et or l'ombrage.
Tout cela flamboie. Il y a trop d'or, j'aurais dû emporter mes lunettes......
(extrait de "Nous avons fait un beau voyage", deuxième roman du recueil paru aux éditions "Le livre moderne illustré" en 1928)
Port-Saïd - A huit heures du matin, nous sommes à quai.
Une petite ville de pacotille, des cafés à inscriptions arabes et françaises, un dédale de rues sordides qui se jettent comme des ruisseaux dans un boulevard trop neuf, bordé d'arbres maigres, et dont chaque bâtiment est une agence de voyage.
Partout des boutiques de tapis, de burnous, d'écharpes et, à chaque pas, des marchands de cigarettes. Toutes ces échoppes ne se réveillent qu'à l'arrivée des bateaux.
Entre deux escales, Port-Saïd compte ses sous et s'endort....
(extrait de "La féérie cinghalaise", premier roman du recueil paru aux éditions "Le livre moderne illustré" en 1928)