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Critique de lebelier


Pourquoi lit-on Cronin? Parce qu'on sait ce qu'il va se passer, un peu comme dans une série. Comme l'auteur, on a déjà le dénouement en tête. Et puis aussi pour ce côté édifiant, on trie le bon grain de l'ivraie, les méchants sont punis par leur propre conduite et font tout pour se racheter, s'humilient ou meurent. Evidemment les "gentils" et les "purs" réussissent malgré toutes les vicissitudes de la vie qui, au départ ne leur fait aucun cadeau.
Il y a tout ça dans "Deux soeurs" : la bonne Anne Lee- sainte Anne comme le dit plaisamment l'une de ses collègues- et la légère et délurée Lucie, soeur de la précédente qui a besoin de se trouver, jeune et insouciante qu'elle est. Anne protège sa jeune soeur "quoi qu'il en coûte" malgré tous ses défauts, son amour de l'argent et de la vie facile. Anne reste vouée à son métier d'infirmière, aimerait que sa soeur soit comme elle, s'aveugle elle-même à sa manière sur les intentions du (forcément) brillant chirurgien Prescott, plantée sur ses ergots, entre son métier qu'elle accomplit avec excellence et, plus tard sur la cause qui l'anime pour améliorer le sort de ses consoeurs infirmières. L'aveuglement d'Anne est d'ailleurs grossièrement allégorisée par l'opération finale qui doit rendre la vue à une jeune fille atteinte d'une tumeur cérébrale.
L'intérêt du roman est sûrement là – le sort des infirmières- et d'une étonnante résonnance avec notre époque bien qu'écrit en 1952 d'après une nouvelle que Cronin avait déjà écrite en 1947. La population ne pourrait se passer d'elles, reconnaît leurs mérites mais ne leur donne pas une vie facile et , au moment du roman, elles finissent usées, sans même une petite pension de retraite. le narrateur en profite pour tacler l'esprit de Florence Nightingale, "la dame à la lampe" qui imposa ce sacerdoce de sainte dormant peu et mangeant mal :
"- Pourquoi? répéta Miss Gladstone avec amertume. Parce que la tradition veut que nous remplissions un sacerdoce, et tout ça,, c'est à cette damnée Florence Nightingale que nous le devons. La Dame à la Lampe tapotant les oreillers et prodiguant ses soins par pure charité!...Laissez-moi vous dire que la charité seule ne suffit pas et que j'ai eu d'innombrables exemples."
La fin est bien sûr très attendue et l'on devine tout ce qu'il va se passer. C'est sûrement pour ça que c'est reposant. Pas de mystère, ou si peu. Quelques clichés aussi :" un avenir qui s'ouvrait brillant devant eux."; au début c'est l'hiver et au petit matin sombre et dès qu'une lueur d'espoir apparaît, une petite enfant sauvée ,
" Et là, sur le seuil, tandis qu'elle lui annonçait la bonne nouvelle, un rayon du soleil levant les illumina tous les deux."
Il n'a pas peur, Cronin, Il en met une bonne tartine. Et il fait son auto-promotion, se met en abyme : Anne qui, dans "le peu de moments de loisirs" qu'elle a, va lire un " excellent" roman qui n'est autre que "la Citadelle" du même auteur.
En fait tout cela nous amuse tant qu'on n'en est pas dupe. En revanche, le roman a cette qualité d'être très bien construit, de se lire presque d'une traite et permet de se détendre pendant "les sombres heures de l'hiver".
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