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Critique de Lamifranz


"Deux soeurs", dans l'oeuvre de Cronin, a eu plusieurs vies : paru d'abord en 1939 sous le titre « Vigil in the night » (traduit en français sous le titre « Soeurs » en 1947), il fur totalement réécrit sous le titre « Sisters » en 1952 (traduit en français sous le titre « Deux soeurs » en 1961).
Chez l'auteur écossais, ce roman a une saveur toute particulière : pour une fois, il ne s'agit pas de décrire le parcours d'un médecin, mais de deux infirmières. Anne Lee et sa soeur Lucy officient toutes deux à l'hôpital de Shereham. Anne Lee est diplômée, Lucy ne l'est pas. Aussi quand Lucy commet une grosse faute en salle d'opération, Anne Lee prend tout sur elle pour éviter à sa soeur de mettre prématurément un terme à sa carrière. Cet acte est à l'image de tout le roman. Les deux soeurs sont antithétiques : Anne Lee est l'infirmière modèle, elle a le syndrome « Florence Nightingale », dévouement et abnégation, ressemble à tous les héros de Cronin : elle est volontaire et altruiste, au point parfois de s'en mordre les doigts. Lucy ressemble à tous les héros négatifs de Cronin (il y en a dans chaque roman) : légère et superficielle, aimant l'argent et le paraître, avec le chic pour se mettre dans des situations impossibles, et peu scrupuleuse dans ses sentiments, y compris avec sa propre soeur. Les épreuves ne manqueront pas. de salles d'opération en couloirs d'hôpital, des grandes cités aux petits villages de province, l'auteur rend un vibrant hommage à cette profession souvent ingrate et peu reconnue ; Anne, archétype de l'infirmière idéale, s'investit dans la défense de son métier et milite pour une meilleure reconnaissance et de meilleures conditions de travail.
Les épreuves ne manquent pas pour les deux soeurs. Mais toutes deux ont une vision différente de leur métier : si Anne s'investit au point de sacrifier sa vie personnelle, ce n'est pas le cas de sa soeur qui préfère la fête et l'argent facile, et pour qui la vocation est un vain mot
Cronin, quelque part, est un auteur « rassurant » : il n'y a pas de surprise, ni bonne, ni mauvaise, mais on est sûr de passer un bon moment : Cronin reste investi socialement, défend les petits, les pauvres, les délaissés, les perdants, et fustige les riches, les orgueilleux, les gagnants sans vergogne. On est habitués. On sait aussi que son écriture, fluide et limpide, nous emmènera où il voudra. Et tant pis si l'ensemble croule sous les bons sentiments, si la description des pratiques médicales de 1952 n'est pas la même que celle de 2022 (pas étonnant, non ?), et si comme toujours à la fin les bons sont récompensés et les méchants punis, nous tombons à chaque fois dans le piège : nous nous mettons à aimer ces personnages à qui nous nous identifions, le temps d'un roman.
Le roman, ou plutôt sa première mouture « Vigil in the night » a fait l'objet d'une adaptation en 1940 sous le titre « L'Angoisse d'une nuit » de George Stevens, avec Carole Lombard, Anne Shirley et Brian Aherne.

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