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Critique de Lamifranz


Paru en 1975, ce roman est le dernier roman écrit par Archibald Joseph Cronin. Et c'est en quelque sorte son testament : on y retrouve tout ce qui a fait l'originalité et la puissance de son oeuvre, le charme de son écriture, le côté attachant de ses personnages, et cette humanité – et humanisme – qui parcourt ces quarante-cinq ans de carrière.
« le chant du Paradis » est la traduction du titre original « The minstrel boy » (le garçon ménestrel). Ce titre est celui d'une chanson irlandaise écrite par Thomas Moore éditée en 1813. Petit aparté : Tomas Moore est l'auteur également de « The last rose of summer », autre titre mythique du folklore irlandais (immortalisé entre autres par le groupe CelticWomen).
L'histoire est celle de Desmond Fitzgerald, un garçon d'un milieu aisé. Attiré par la religion, il entre au séminaire, où il se fait remarquer par ses dons de chanteur (d'où le titre), son esprit non conformiste et blagueur, et ce qui peut être embêtant pour un séminariste, une facilité déconcertante à attirer le regard des femmes (mais Julien Sorel est passé avant lui). Sa première cure, c'est la bonne, il n'y coupe pas, la dame du manoir tombe amoureuse de lui, et lui tombe amoureux de la fille d'icelle. Il quitte les ordres, épouse sa bien aimée et devient un musicien pauvre à Dublin. Sa femme le quitte. Il change de vie et part missionnaire en Inde. Là encore il tombe sous le charme d'une enjôleuse locale, mais cette fois arrive à s'en échapper. Tous ces déboires, il s'en explique à son ami d'enfance, Alec Shannon, un médecin qui a commencé pauvre, qui a réussi dans son métier et qui maintenant écrit des romans…
Donc résumons nous : il y a un jeune médecin pauvre (sa mère a dû faire appel à un préteur sur gages pour lui payer son premier costume) qui rappelle la plupart des jeunes médecins de l'auteur (André Manson ou Duncan Stirling entre autres). Il s'appelle Shannon (comme Robert dans « Les Vertes années » et « le Destin de Robert Shannon »), il devient un riche médecin et un auteur à succès. de l'autre côté il y a un jeune prêtre (qui ressemble un peu à Francis Chisholm) qui combat ente sa foi et sa nature profonde, entre sa faiblesse d'humain et ses aspirations idéalistes…
Tout Cronin est là : cette lutte pour une harmonie entre la vie terrestre et la vie spirituelle, entre l'égoïsme et l'altruisme, avec au bout un espoir de rédemption, cette description réaliste de notre monde (bien au-delà des milieux médicaux ou religieux, on y parle aussi de la presse, déjà évoquée dans « La Lumière du Nord », et même des mirages d'Hollywood).
Cronin reste fidèle à lui-même : réaliste et idéaliste, mais toujours proche de ses personnages comme du lecteur.
Bien sûr, son style n'est plus tout à fait le même, on sent les « raccords » et les références à ses autres livres sont par trop voyantes. Mais l'histoire tient la route, et avouons-le, il y a un certain plaisir, une certaine alacrité même, à suivre ce jeu de piste nostalgique.
Le dernier Cronin n'est pas le meilleur, loin de là. Mais il met un point final tout à fait honorable à une oeuvre remarquable qui nous aura fait rêver, voyager, rire et pleurer – vivre, en fait – avec son auteur et ses personnages, dont certains inoubliables (André Manson, Francis Chisholm, Duncan Stirling et Robert Shannon, entre autres).
Pour ces quarante-cinq années de bonheur, pour cette quarantaine de romans (pas tous traduits en français) qui nous ont enchantés, merci monsieur Cronin.





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