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Critique de Eve-Yeshe


On fait la connaissance de Lydia qui s'investit à fond dans sa librairie, discutant avec ses clients pour les conseiller au mieux et leur faire découvrir les livres et les auteurs qu'elle aime. Son mari Sebastian est journaliste et travaille sur les cartels, dénonçant les meurtres, les enquêtes qui n'aboutissent pas. Ils ont un fils Luca et vivent en harmonie avec leur famille, donc tout va bien pour eux pourrait-on dire.

Un homme devient un client assidu de la librairie et surtout de la libraire ; ils échangent sur les auteurs qui leur plaisent. Et Lydia tombe sous le charme de cet homme qui évoque sa famille, l'amour qu'il porte à sa fille… Mais, il s'avère que cet homme, séducteur, manipulateur de grande classe n'est autre que Javier, chef du nouveau cartel et Lydia découvre que Sebastian enquête sur lui. Lorsque l'article sur Javier est publié, c'est le carnage lors d'une fête de famille.

Lydia parvient à rester en vie et à sauver son fils et c'est l'exode qui commence avec toutes les souffrances qui l'accompagnent, alors que la tête de Lydia est mise à prix. Elle devient un « migrante » comme tant d'autres.

Elle apprend à se tenir sur ses gardes à sauter sur le toit des wagons de marchandise en marche, au risque de tomber, se fracasser le corps, et même y laisser la vie, et d'encourager Luca à faire de même alors qu'elle était une mère poule à peine quelques jours auparavant. Une fois parvenu sur le toit, il faut ensuite s'attacher solidement, attacher le sac de voyage pour ne pas tomber, ne pas bouger surtout si un tunnel approche. Ce fameux train que les migrants ont surnommé la Bestia…

" Les différentes façons de mourir à bord de la Bestia sont plus épouvantables les unes que les autres ; vous pouvez être écrasé entre deux wagons quand le train emprunte une courbe. Vous pouvez vous endormir, tomber du toit, être aspiré sous les roues, avoir les jambes sectionnées…"

Ce livre nous permet de découvrir le long calvaire des migrants sur les routes de l'exil, la nécessité de se cacher, d'être constamment sur la défensive pour ne pas être reconnus, pour Lydia, comment on peut devenir un « migrante » du jour au lendemain alors qu'on menait une vie agréable. On découvre aussi la manière dont les flics pourris de tous bords rançonnent prennent jusqu'au dernier sous le peu d'argent qu'ils ont emporté avec eux pour payer les passeurs, les viols notamment quand dans le cortège il y a de jolies (trop jolie) jeunes filles et comment elles sont traumatisées à vie.

Je connaissais bien le sort des migrants qui fuient le Honduras, le Venezuela, entre autres pour fuir la misère sociale la pauvreté, ainsi que les méthodes des cartels au Mexique qui tuent en toute impunité, chacun se souvient des étudiants qui ont disparus sans laisser de traces il y a quelques années à peine, mais c'est autre chose de suivre une famille traquée, de marcher avec elle la nuit, la peur au ventre, parfois sous une pluie diluvienne pour échapper à la police des frontières la Migra, aux narcotrafiquants, repentis ou non, qui infiltrent les groupes de migrants, puis le mur trumpien et les cow-boys suprématistes blancs qui vont à la chasse aux migrants la nuit…

On apprend également beaucoup de choses sur les tatouages des narcotrafiquants, leur signification, ce qui permet de les identifier.

Ce livre est bien écrit, de la manipulation du chef de cartel, pervers narcissique, pour séduire une femme lettrée et se faufiler vers son époux journaliste, en passant par les familles qui cherchent leurs disparus pour pouvoir enfin faire leur deuil, en passant par la route elle-même car on se la représente vraiment très bien en mettant nos pas dans les leurs.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions 10/18 qui m'ont permis de découvrir ce roman et de découvrir la plume de son auteure.

#AmericanDirt #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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