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4,3

sur 1446 notes
En général, mes premières impressions post lecture sont « fiables » dans le sens où elles perdurent souvent, parfois s'affadissant un peu lorsque l'empreinte d'un livre, pas assez forte, s'estompe. Mais rarement je revois mon jugement initial. Cela a été le cas pour cet American dirt.

Ce roman émotionnellement très fort raconte l'odyssée désespérée d'une mère et de son fils pour fuir le Mexique, après le massacre des seize membres de leur famille par un cartel, en intégrant la masse de migrants voulant passer clandestinement al Norte, aux Etats-Unis.

Dès les premières pages, l'écriture incisive et précise de Jeannine Cummins happe le lecteur qui se dit qu'il met les pieds en terrain connu, celui des récits violents de gangsters et de narcotrafiquants sur fond de contexte mexicain décrit nettement ( assassinats massifs de journalistes, impunité des cartels, ultra violence de ces derniers, corruption généralisée ). Mais très rapidement, ce qui se dégage de ce roman, c'est l'empathie que l'auteur développe pour ses personnages qui traversent des souffrances inconcevables, pour ceux qui réussissent à surmonter des traumatismes inouïs dans l'espoir de se reconstruire ailleurs. C'est sans doute cette articulation entre course poursuite haletante et récit de l'intime qui est le plus réussie, d'autant plus que c'est l'angle féminin qui est choisie pour raconter ces caravanes de migrants latino-américains.

Il n'y a rien de strictement politique dans le récit de Jeannine Cummins, juste une description complète et réaliste ( ou qu'on imagine tels ) du parcours de ces migrants clandestins. Elle fait le choix du souci moral et humanitaire en donnant des visages, ceux de Lydia, Soledad, Rebeca, Luca, à la masse anonyme des migrants, habituellement présentés comme des gens pauvres et impuissants mendiant à grands cris à nos portes ou comme une populace d'envahisseurs criminels selon les points de vue. Elle leur redonne une dignité en les montrant comme acteurs de leur vie capables de construire leur futur. Elle offre un temps d'arrêt au lecteur pour entendre ces voix, comme un pont entre des personnes aux vies radicalement différentes.

Et c'est très fort de voir cette mère et ce fils se déguiser en migrants pour survivre aux sicaires des cartels envoyés à leur trousse, jusqu'à devenir des migrants à part entière s'accrochant au toit de la Bestia ( le train ), fuyant les brutalités de la migra et des milices antimigrants, rongés par la faim, l'insomnie, la paranoïa dans une terreur omniprésente, devant affronter les violences faites aux femmes comme la traversée du désert de la Sonora. On vit, on respire l'histoire de ces migrants fictifs qui semble si vraie, ses périls mais aussi la solidarité et l'héroïsme inattendu de personnes ordinaires. Tout est vibrant de mille émotions. En fait, Jeannine Cummins offre un temps d'arrêt au lecteur pour entendre ces voix qu'on n'entend jamais, elle offre d'autres subjectifs comme un acte d'urgence éthique pour dépasser les a priori sclérosants, comme un pont entre des personnes aux vies radicalement différentes. Les embardées poétiques et singulières des monologues intérieurs de la mère portent le récit au-delà même.

J'ai refermé ce roman très enthousiaste, soufflée par la puissance émotionnelle qu'il a dégagée. Et puis quelques jours passant, quelques semaines après, j'ai un peu réévalué cette immédiateté fulgurante de l'émotion qui a dévoré voire confisqué une réflexion plus profonde.La ligne entre empathie et pitié, entre réalisme et voyeurisme est très fine. Elle est parfois à la limite d'être franchie malgré l'évidente sincérité de l'auteure. Je n'ai par exemple par compris le choix de monter une « bluette » sentimentale quasi de type romance entre Lydia et le chef mafieux. Au-delà de ce choix hasardeux et peu pertinent, le fait de démarrer le roman par un massacre, de choisir comme personnages principaux une mère et son fils menacés d'une mort atroce, confisque toute argumentation, aucun débat n'est possible, aucun chemin émotionnel autre que celui choisit par l'auteur n'est possible. J'ai encore du mal à me situer par rapport à ce roman qui me met quelque peu mal à l'aise.

PS : A noter qu'aux Etats-Unis, ce roman a eu un énorme succès. Il a également fait rebondir les polémiques récentes sur l'appropriation culturelle, certains refusant à l'auteure sa légitimité à parler des migrants, car elle est blanche et non latino-américaine ( elle a « seulement » une grand-mère portoricaine ), polémiques que je trouve injustes au vu de la qualité du travail de documentation de l'auteure.
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+++++++ SALETÉ AMÉRICAINE +++++++

J'ai rarement lu des louanges aussi dithyrambiques que celles à propos du dernier roman de Jeanine Cummins. Pour Don Winslow c'est "Les raisins de la colère" de notre temps, John Grisham affirme qu'il y a très longtemps qu'il n'a pas tourné si vite les pages d'un livre, et pour Stephen King c'est simplement "marvellous" (merveilleux).

De l'auteure, qui est née de parents américains en Espagne, à Rota en Andalousie, mais à une date gardée secrète, "American Dirt" est son 4e ouvrage. Son tout premier ouvrage, paru en 2004, qu'elle a qualifié de mémoire, est en fait un témoignage d'un crime violent où des membres de sa famille ont été impliqués et qui pour un des responsables s'est terminé sur la chaise électrique (en octobre 2005). "A Rip in Heaven" (une déchirure dans le ciel) n'a pas été traduit en Français, ni ses 2 romans qui ont suivi : "The Outside Boy" en 2010 et "The Crooked Branch" (la branche tordue) en 2013.
Vu les noms et commentaires au 1er paragraphe, peut-être qu'un traducteur français est déjà fébrilement en train de traduire le livre, qui est sorti seulement le 21 janvier 2020.

Jeanine Cummins est une dame "spéciale". Licenciée en lettres et communications de l'université Towson dans le Maryland aux États-Unis, elle a travaillé pendant 2 ans comme barmaid à Belfast (Irlande du Nord), puis pendant 10 ans dans l'édition à New York. Elle donne fréquemment des conférences sur les droits des victimes de crimes et s'est prononcée catégoriquement contre l'application de la peine de mort dans son pays.
Elle a épousé, en Amérique, un Irlandais sans-papiers avec qui elle a eu 2 filles.

Dans la grande ville balnéaire mexicaine d'Acapulco a lieu, ce 7 avril, un cas de folie meurtrière dont les cartels de la drogue du Mexique semblent avoir la spécialité : 16 morts par rafales de mitraillettes. Toute la famille du journaliste Sebastián Pérez Delgado, sauf son épouse Lydia et son fils Luca de 8 ans, qui s'étaient cachés dans la douche et que les 3 "sicarios" (tueurs à gages) n'ont pas trouvé.

Lydia sait que ce n'est que partie remise et que le cartel de "Los Jardineros", qui règne à Acapulco en seigneur et maître, fera tout pour les éliminer, elle et son gamin. Compter sur la police ne sert à rien, au contraire, plein de détectives et policiers sont à la solde du cartel et reçoivent mensuellement une somme égale à 3 fois leur salaire.

La seule issue qui lui reste après ce carnage est la fuite tout de suite, sans plan ou trajet bien défini, en pensant vaguement à Denver dans le Colorado aux États-Unis où vit son oncle. Très vite elle prépare des sacs de voyage avec tout ce dont le duo pourrait avoir besoin pendant leur périple. Habillés de façon à ne pas se faire remarques et en changeant d'autobus tous les 15-20 minutes, Lydia, sous le pseudo de Fermina Daza, et son petit, qui est devenu en peu de temps un jeune adulte, prennent le large,

Notre héroïne pense que s'il y a un seul avantage à la terreur c'est que la terreur est plus immédiate que le chagrin.

Le comble c'est que tout le monde sait parfaitement bien qui a donné l'ordre de ce massacre : Javier Crespo Fuentes, surnommé "Lechuza" ou chouette à cause de son physique et ses énormes lunettes, qui est le chef de "Los Jardineros".
Ce "jefe" Lydia le connaît bien, car il était le meilleur client de sa librairie et elle avait sympathisé avec ce quinquagénaire à cause de ses excellents goûts en littérature : Leah Hager Cohen, Sebastian Barry, Gabriel Garcia Márquez ....
De son mari, qui a écrit des articles sur ce joyeux cartel, elle a appris que Crespo est peut-être un homme cultivé, mais aussi un homme sans la moindre pitié.

Sa mission est d'autant plus périlleuse que le cartel a des yeux partout, ce qu'au Mexique on appelle des "halcones", de simples citoyens tels des chauffeurs de bus, réceptionnistes d'hôtel ... qui agissent comme des vigies volontaires pour le cartel.

Pour défendre son môme et elle-même, elle s'achète une machette qu'elle attache à sa jambe, bien cachée sous son jeans.

Comme je ne tiens pas à recevoir des remarques que j'en dis trop, comme cela fût le cas avec le dernier thriller de Jussi Adler-Olsen que j'ai critiqué récemment, j'arrête, avec le départ de mère et fils de leur maison, transformée en champ de bataille, mon billet.

Dans une interview à la télévision anglaise, l'auteure a expliqué le long et solide travail de préparation que ce livre lui a demandé, notamment en ce qui concerne les problèmes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis de Donald Trump. Un élément important dans ce roman et qui va, bien entendu, beaucoup plus loin que la bête idée présidentielle d'un très long mur entre les 2 nations.

Après lecture, je dois dire que je comprends les commentaires de Winslow, Grisham, King et quelques autres grands noms, telles Ann Patchett et Tracy Chevalier : cet ouvrage de Jeanine Cummins constitue une réussite rare à de nombreux points de vue. Ce sont aussi 465 pages de réel suspense.

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La narratrice Lydia, libraire à Acaculpo, voit sa vie voler en éclats lorsqu'un article publié par son mari journaliste déclenche les sanglantes représailles du cartel de la drogue qui vient d'asseoir son emprise sur la ville. Contrainte à une fuite éperdue avec son fils de huit ans, elle se joint aux migrants qui traversent le pays pour tenter de rejoindre les Etats-Unis : un périple aux mille dangers souvent fatals…


Diaboliquement haletant, le récit jette d'emblée et sans répit le lecteur dans un état d'angoisse proche de la paranaoïa. Dans un Mexique décrit comme corrompu et transi par la peur des violences et des meurtres orchestrés par des organisations mafieuses toutes puissantes, il semble impossible d'échapper à des tueurs qui disposent de complicités dans tous les rouages de la société. C'est dans une terrifiante chasse à l'homme que nous entraîne l'auteur, pimentant à l'extrême un road trip déjà immensément périlleux pour les migrants « ordinaires ».


Tremblant ainsi particulièrement pour la vie des deux personnages principaux, nous voici embarqués aux côtés de ceux qui ont tout perdu et qui, en provenance de tout le sud de la péninsule américaine, tentent de gagner el norte. Ce sont spécialement les femmes que le récit nous fait côtoyer, nous les montrant doublement exposées aux violences dans un pays où l'on ne compte plus leurs disparitions. Meurtres, viols, rackets, mais aussi les émouvants coups de pouce de la solidarité, jalonnent un parcours dont les temps forts sont les périlleuses étapes à bord de la bestia, ce train de marchandises pris en marche par les clandestins, et la redoutable traversée à pied du désert du Sonora, en compagnie d'un coyote payé à prix d'or.


La parution d'American Dirt aux Etats-Unis a soulevé une polémique sur la légitimité d'une New Yorkaise blanche à écrire sur la souffrance des migrants. Taxé d'appropriation culturelle, cet ouvrage à gros budget est accusé de faire de l'ombre aux authentiques auteurs latino-américains qui, faute d'armes commerciales aussi puissantes, peinent à faire entendre leur voix et celles des migrants. On lui reproche aussi de convoyer une image partiale et dépréciatrice du Mexique, imaginée depuis le côté le plus confortable du mur. Il est vrai que le roman a fait le choix de ne pas lésiner sur le sensationnel susceptible de renforcer la tension dramatique, amplifiant notamment les épreuves de ses personnages au moyen d'une intrigue, bien menée mais tout à fait improbable, entre Lydia et le chef du cartel. Diablement efficace quant à son suspense addictif, cet aspect de l'histoire semble davantage motivé par l'envie de distraire le lecteur que par une quelconque préoccupation politique ou humanitaire. Quelques « inconvenances » dans la promotion américaine du livre peuvent également renforcer l'impression d'un livre plus commercial qu'engagé. Malgré tout, je ne pense pas ressortir de cette lecture avec une pire image du Mexique qu'après avoir lu le très fiable et terrible 2666 de Roberto Bolaño. Manifestement documenté et bien mené, ce très prenant American Dirt ne peut, à sa manière, que contribuer à sensibiliser un plus large public à l'enfer des migrants latinos qui tentent de rejoindre les Etats-Unis, puis d'y rester. C'est en tout cas le roman le plus haletant que j'aie lu depuis longtemps. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Immense succès de librairie aux États-Unis, American Dirt est un cauchemar. Les aventures survenues aux personnages principaux du roman sont effectivement un cauchemar. Toute proportion gardée, sa lecture a été aussi un cauchemar pour moi. Je sais que ce commentaire me place en opposition frontale avec toutes les critiques que j'ai pu lire, mais je l'assume, je n'ai pas aimé ce livre.

Tout commence à Acapulco, une ville balnéaire mexicaine sur l'océan Pacifique, dont le nom, il y a encore vingt ans, était synonyme de paradis touristique. Aujourd'hui, elle est le terrain de jeux sanglants entre cartels de la drogue qui s'entretuent pour son contrôle, tout en s'affrontant aussi violemment à la police. C'est une des villes les plus dangereuses du monde.

Propriétaire d'une petite librairie à Acapulco, Lydia vit tranquillement avec son mari, journaliste d'investigation, et leur fils Luca, huit ans. Elle sympathise avec un client, Javier, un homme charmant, cultivé, attentionné, qui vient régulièrement papoter bouquins avec elle. Il s'avère toutefois que cet amateur de livres est le chef d'un des cartels les plus cruels et les plus puissants. Et voilà qu'un article du mari journaliste d'investigation déclenche une cascade de faits tragiques, et notamment le massacre de toute la famille. Lydia et Luca en réchappent miraculeusement.

On n'apprendra les préalables au drame que plus tard, dans des flash-back que ressasse Lydia sur sa route. Car s'estimant menacée de mort et croyant voir un affidé de Javier dans chaque individu croisé, elle a décidé de quitter clandestinement la ville avec son fils, à pied, sans bagages ni moyens ou presque, pour se rendre aux États-Unis, où elle compte un vague parent, perdu de vue depuis des années. Sur son chemin de 4 000 kilomètres – et 460 pages – son statut personnel se dissout en même temps que sa bourse se vide. Lydia et Luca finissent par fondre leur destinée avec celle d'autres migrants, originaires d'un peu partout en Amérique latine, fuyant misérablement la guerre, la pauvreté, la persécution, l'insécurité, la violence, l'intolérance et tout ce qui est intolérable.

Un cauchemar de près de deux mois pour Lydia et Luca, qui vont de ville en ville, pour une large part à pied, parfois en bus ou couchés sur le toit d'un train de marchandises, faisant étape dans les conditions sanitaires qu'on imagine. Lydia, terrorisée, n'accorde sa confiance à personne et ne se sent nulle part en sécurité. Un scénario un peu répétitif !

Les premières pages du roman m'ont fait entrer de plain-pied dans le massacre de la famille. Je n'ai pas eu le temps d'acquérir de l'empathie pour les malheureux personnages et je ne me suis donc pas placé dans le jeu de l'auteure, qui cherche à horrifier et à apitoyer les lecteurs. D'autant que des scènes terrifiantes du livre sont racontées dans un style appliqué, un peu naïf, de conte pour enfants. J'ai passé l'âge, à supposer que je l'aie jamais eu, d'être effrayé et bouleversé par l'histoire de Barbe-Bleue ou du Petit Poucet.

Selon le romancier Don Winslow, American Dirt vaudrait Les Raisins de la colère. On peut mettre en parallèle les circonstances humaines dramatiques qui ont inspiré les deux ouvrages, mais je n'ai pas retrouvé, chez Jeanine Cummins, la plume audacieuse ni le souffle épique de John Steinbeck. Et si, comme John Grisham, j'ai moi aussi très vite tourné les pages, c'est parce que je m'ennuyais de toujours relire les mêmes péripéties, avec leurs inévitables et prévisibles rebondissements.

Dans une postface, l'auteure se déclare sensible aux aspects humanitaires d'un phénomène tragique, qui touche dans le monde des centaines de milliers de personnes en déplacement et en souffrance. Comment ne pas l'être ? Son manuscrit avait fait l'objet d'enchères incroyables entre plusieurs éditeurs. L'enjeu ? La publication, dans l'air du temps, d'un grand roman social compassionnel écrit par une femme blanche sur une malheureuse « populace brunâtre ». S'en est suivie une polémique en boomerang, de la part de Mexicains qui s'estiment injustement montrés du doigt et de migrants qui dénoncent une « appropriation culturelle » illicite. Ça aussi, c'est dans l'air du temps.

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Canicule aidant , je me suis lancé à l'assaut de ce pavé et , je dois le dire , j'en suis sorti épuisé, épuisé mais ravi d'avoir pu mener à bien une odyssée qui , au départ, n'avait rien d'une partie de plaisir .
Résumons : un anniversaire dans une maison d'Acapulco, une maman qui accompagne son enfant aux toilettes et ...le carnage dans la cour . Les " Jardineiros" font feu de tout bois , 16 morts d'une même famille . le cartel a fait parler la poudre pour châtier Sebastian , journaliste , et les siens et Lydia et son fils n'ont échappé au massacre que grâce à une ...envie pressante , Une seule possibilité pour échapper au même sort funeste , la fuite vers la frontière américaine... Un défi, une gageure , une mission impossible mais Lydia relève le défi : fuir l'horreur , se sauver avant de penser aux disparus....Quel autre choix ?
Commence alors une folle odyssée où les rencontres vont sans cesse mettre en péril ou aider ce projet fou : les cartels ne renoncent jamais .
Dès lors , toutes les atrocités infligées par une police corrompue , ou par les " narcos " , vont se succéder au point de perdre un peu en crédibilité tant le danger est perpétuel pour les proies faciles que sont les migrants auxquels Lydia et Luca se sont joints . Toutes les exactions possibles et imaginables ...Rien n'est épargné. On tremble , on s'offusque , on se révolte mais , peu à peu aussi , on s'accoutume et l'intrigue perd en intensité..La "Besta " ne roule plus assez vite....ou est en surchauffe ....
C'est un peu le paradoxe de ce roman , tant de choses à dire ..." Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise ...".Je vous l'ai dit , ce roman est un pavé qui démarre " au sprint " et ... s'essouffle peu à peu . C'est mon avis , rien que mon avis . D'autres lecteurs l'ont vécu différemment, ils ont leurs raisons et leur vécu ....J'ai aussi trouvé certains personnages quelque peu " robotisés" , comme , par exemple , le petit Luca . Intelligence ( ou connaissances ) hors normes , résistance physique incroyable , émotions maîtrisées au delà du réel....Un gamin de son âge ou un petit " robot " accordé à l'intrigue ? Et je vous laisse juges de l'idyle dont il est question entre...et ....( ah , ben oui , là, vous vous débrouillez )
Après , il y a des scènes fortes et émouvantes , voire perturbantes car criantes de vérité et de dureté. Jeanine Cummins a effectué un énorme travail de recherches et ses propos n'ont sans doute , hélas ici , que le défaut de l'accumulation . Ses écrits ont suscité des polémiques au moment de la parution de son roman , en raison de son statut de " blanche " . N'entrons pas dans ce débat qui nous entraînerait trop loin .
Pour conclure , c'est simple : malgré mes griefs , j'ai lu ce livre en 2 jours et j'ai appris énormément de choses . La traduction m'est apparue très à la hauteur et a très bien servi ce sujet si délicat. C'est un roman qu'il est utile de lire , pas désagréable dès lors qu'on prend suffisamment de recul par rapport au contexte et aux personnages pas vraiment charismatiques , mais peut être est- ce une volonté de l'auteur pour garder une certaine et salutaire distanciation . A bientôt.


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Au Mexique, la ville d'Acapulco n'est plus la station balnéaire paradisiaque qu'elle était jadis. Aujourd'hui, elle subit le joug de cartels de la drogue ultra-violents, qui se déchirent pour le pouvoir, l'argent et le territoire, et les habitants en sont souvent les victimes collatérales, soit qu'ils tombent directement sous les tirs croisés, soit qu'ils subissent les conséquences économiques de cette violence : effondrement du secteur du tourisme, racket des petits commerçants par les narcos, impuissance ou corruption généralisée des autorités. le danger est désormais présent partout, tout le temps et pour tout le monde, mais encore plus pour les journalistes téméraires (lire : suicidaires) qui persistent à enquête sur les cartels. Tel est le cas pour Sebastián, assassiné avec une douzaine de membres de sa famille lors d'une fête d'anniversaire. Seuls sa femme Lydia et son fils Luca, 8 ans, en ont réchappé par miracle. Mais Lydia sait que le cartel va revenir pour les tuer eux aussi, alors elle n'a d'autre solution que de fuir le Mexique et d'essayer de passer aux Etats-Unis. Et pour éviter de laisser des traces qui permettraient au cartel de les localiser, il faut renoncer à utiliser téléphone, internet, cartes de crédits, passeport, avion, autocar... le seul moyen, paradoxalement le moins "dangereux", est de se fondre dans le flux de migrants qui remontent l'Amérique centrale en direction du nord et de voyager clandestinement, à pied ou sur le toit d'un train de marchandises (surnommé « La Bestia », un nom méchamment évocateur), avant de tenter de passer la frontière et traverser le désert avec un passeur. Un périple au cours duquel tous les dangers et toutes les horreurs sont possibles.

Grand succès de librairie aux Etats-Unis, « American dirt » a également fait l'objet d'une polémique, parce que écrit par une Américaine blanche sans racines mexicaines ou latinos, et en conséquence taxée d'appropriation culturelle illégitime. Je n'ai pas d'avis sur la question, sauf que l'auteure s'est manifestement documentée sur son sujet, que ce qu'elle raconte à propos du parcours épouvantable de ces migrants semble tout à fait plausible, et que sa démarche paraît sincère.

Là où je coince un peu, c'est sur la façon dont elle raconte cette histoire. Son écriture m'a semblé par moments tellement scolaire, appliquée, naïve, qu'elle échoue à susciter la compassion, l'effroi ou l'horreur qu'elle recherche. Avec la conséquence que je n'ai pas éprouvé d'empathie pour les personnages qui, par ailleurs, sont un peu caricaturaux : Lydia est intelligente, belle, cultivée et était vaguement amoureuse sans le savoir du chef du cartel qui a abattu son mari, Luca est très intelligent, très mignon et étonnamment mature pour son âge, les deux jeunes soeurs Honduriennes qu'ils rencontrent pendant le voyage sont hyper-belles, hyper-solaires et hyper-courageuses. Fallait-il en plus que tout cela se termine en happy-end peu subtil, et que le texte soit parsemé de mots et d'expressions en espagnol pour faire plus authentique ?

Je ne remets évidemment pas en question la tragédie vécue par les migrants sud-américains (et les autres d'ailleurs), dont le désespoir et la détermination sont déchirants, ni le fait qu'il est nécessaire de parler et d'écrire sur ce sujet. Ce roman, malgré qu'il soit un peu long, répétitif et prévisible, a le mérite de rendre hommage à ces damnés de la (leur) terre. de là à comparer l'auteure (comme le fait Don Winslow) à John Steinbeck, c'est une autre histoire.

En partenariat avec les Editions 10/18 via Netgalley.

#AmericanDirt #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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En débutant American dirt, j'étais loin de me douter à quel point j'allais être marquée et bouleversée par cette lecture. Et pourtant, ce roman pourrait très bien être un récit tiré d'une histoire vraie où une femme et son enfant survivants fuient le Mexique avec l'espoir d'une vie meilleure sur le territoire américain comme il y en a tant malheureusement chaque jour.

Lisant très peu de livres sur la violence des cartels mexicains et des flux migratoires en découlant, j'ai trouvé cette lecture très difficile, mais, en même temps, la plume de Jeanine Cummins a su la rendre magnifique.
J'ai également été impressionnée par la grande qualité de ce texte que ce soit tant par l'écriture que par le travail de recherche de l'auteure.

Côté personnages, je ne pensais pas autant m'attacher à eux et pourtant...

J'ai trouvé que Jeanine Cummins a su nous offrir un magnifique ouvrage touchant et très riche en émotions sans pour autant tomber dans le pathos...

Je tiens à remercier les Éditions 10/18 et Netgalley France pour la découverte d'American dirt pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur et que je vous conseille de lire...

Étant d'un naturel pessimiste, je me suis surprise à retenir de ce texte, que j'ai terminé il y a déjà un certain temps, que l'espoir se révèle être un élément essentiel...
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Quand les touristes occidentaux s'extasient devant la carte postale de rêve qu'offre Acapulco, la plupart d'entre eux passent à côté de la face cachée de ce paradis artificiel : une ville et un comté qui se vident peu à peu, sous la coupe de Los Jardineros, cartel de la drogue dirigé par El Jefe Javier. Et pendant que les uns trempent et s'extasient, les autres rançonnent, corrompent, menacent, violent, mutilent et assassinent.

Il reste bien la presse… Mais pour avoir commis l'article de trop, Sebastian et 15 autres membres de sa famille sont sauvagement mitraillés par les sicarios du gang, ne laissant vivants que Lydia, la femme de Sebastian et Luca, leur fils de 8 ans. Malgré la douleur et l'horreur du massacre, la fuite s'impose comme une évidence. Car Javier ne les lâchera plus désormais, sauf à s'enfuir loin, très loin. Aux USA. D'un car de nuit aux sauts sur les toits de la Bestia, des montagnes au désert, des barrages des Jardineros au mur de Donald, commence alors une fuite épique, dantesque, inhumaine.

Autrefois privilégiés, Lydia et Luca sont devenus de simples migrants comme des milliers d'autres, mexicains ou honduriens, salvadoriens, guatémaltèques… le courage, l'argent, la foi, la résistance, sont des atouts nécessaires mais pas suffisants ; les rencontres ajoutent parfois à la peur quand elles sont marquées du tatouage du gang, ou à l'humanité quand les désespoirs se rejoignent et Soledad, Rebeca, Beto ou El Chacal vont tour à tour changer le cours de la fuite de Lydia et Luca.

Encensé par Winslow, Grisham ou King, American Dirt de Jeanine Cummins – traduit par Françoise Adelstain et Christine Auché – est assurément un grand livre, porté par une écriture brute et sans concession, où souffle cependant un vent de bienveillance sur ces abandonnés de tous. Quand Winslow décortique ces cartels de l'intérieur dans son exceptionnelle trilogie, Cummins choisit de nous montrer le côté face de ceux qui les subissent et tentent d'y échapper.

D'aucuns remirent en cause la légitimité de cette blanche new-yorkaise à écrire sur ces migrants hispaniques, comme s'il fallait disposer des mêmes origines ou de la même couleur de peau pour entrer en humanité avec l'autre. Dans quelle époque étrange vivons-nous… Cummins a tenu bon, permettant à son livre d'arriver jusqu'à nous. Alors précipitez-vous !
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Avec ce livre vous partez pour un voyage violent, voire ultra violent. le pire étant que cette histoire, ce roman sont construits sur une base réelle : celle des Latinos-Américains qui essayent de rejoindre les Etats-Unis.
L'auteure va resserrer son histoire autour d'une mère et de son fils (qui fuient un cartel qui a massacré leur famille) et de deux jeunes filles qui elles, fuient les hommes attirés par leur beauté. Leur objectif : les Etats-Unis.
Le sentiment d'oppression qui accompagne chacune des pages est très bien rendu. A noter que la violence qui accompagne ce périple ne nous est pas cachée.... Elle peut heurter.... Pourtant quelque chose me dit que la réalité est même au delà de ce qui est décrit dans de ce livre.
Il est toujours important de lire ce genre de livre, de rappeler, en ces temps où un bateau tourne depuis 20 jours en Méditerranée, la vie de ces femmes et hommes qui n'ont pas eu la chance de naître dans nos contrées privilégiées....
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Quel roman ! Impossible à lâcher. Je suis d'accord avec Stephen King. le commencer, c'est l'adopter. J'ai lu avec enthousiasme et beaucoup de passion cette course poursuite dans le Mexique des cartels et de la violence ; Cette fuite en avant de Lydia et son fils pour échapper à la mafia qui vient de décimer leur famille ; Cette plongée terrible dans le monde des migrants.
Lydia, libraire tranquille, a en effet choisi de tout quitter en une poignée de secondes. Pour une vie meilleure. Pour échapper à la mort, aux viols, à la misère. Et ce, malgré le danger et le terrible périple qui l'attend pour accéder au possible eldorado que sont les Etats-Unis.
Sa route va être parsemée de rencontres, de jeunes filles perdues, d'hommes violents, d'enfants en quête de sécurité et d'avenir meilleur. de tragédies aussi.
Un roman qu'on lit comme on regarde un film d'action. En apnée. Sans temps mort, sous tension et avec horreur. Un texte passionnant et nécessaire. le récit d'une amitié improbable. Un roman qu'on oublie pas.
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