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Critique de Ikebukuro


Je sais que beaucoup de lecteurs ont été déçus par ce nouveau roman de Michael Cunningham mais il est vrai qu'il était difficile de faire mieux que "Les heures" et que la barre était placée très haut. Pour ma part j'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte l'histoire de Peter et de Rebecca un couple new-yorkais qui a réussi, lui tient une galerie d'art, elle travaille dans une revue artistique et tous deux semblent former un couple solide qui se retrouve, leur fille ayant grandi et quitté la maison.

Le titre à lui tout seul résume très bien ce livre. le propos du roman n'est que Crépuscule, ce moment si particulier où les choses semblent s'éteindre et perdent de leur intensité avant la nuit. On assiste au crépuscule d'une carrière, d'un couple, d'une vie... avec une lucidité sur la mort et sur le côté factice et vain des choses. L'auteur sait avec des mots justes et précis, décrire les pensées et les réflexions intimes des personnages. Peter et Rebecca sont complexes dans leurs histoires et dans leur rapport à l'existence mais tous sont englués dans une sorte d'habitude ronronnante qui les ennuie malgré des métiers passionnants. Il faudra l'intervention de Mizzy le jeune frère de Rebecca pour réveiller un peu cette vie bien rangée et obliger chacun à se regarder en face. Je comprends que certains n'aient pas aimé ce livre, beaucoup de pages concernent des réflexions sur l'art, sur la vie et l'ensemble peut sembler un peu nombriliste puisque tout le livre part du point de vue de Peter mais bizarrement j'ai beaucoup aimé cette introspection.

Sa réflexion sur l'art et sur le choix d'une oeuvre et d'un artiste ainsi que ses relations avec ses clients et les peintres sont vraiment très intéressantes et posent des questions sur notre rapport à la beauté ou à la laideur, sur la capacité que chacun a en soi de s'émouvoir ou non face à une oeuvre artistique. Parallèlement à cette réflexion sur son travail de galeriste, l'émotion, je pourrai même dire l'émoi, face à Mizzy, est touchante et inattendue. le côté un peu désabusé de Peter, son analyse de la vie et sa lucidité sur son métier contraste d'autant plus avec ses interrogations sur l'avenir de sa vie et de son couple. le personnage de Mizzy n'est qu'une sorte de catalyseur et qu'un prétexte, d'ailleurs il a un rôle relativement passif dans cette histoire, il se contente d'être là et d'aller et venir à sa guise sans réellement s'intéresser aux autres. Même s'il est lucide sur son manque d'avenir, il représente tout à fait cette génération brillante et désoeuvrée à qui on a tendance à tout pardonner. Dans ce roman, les personnages deviennent des ombres que l'on devine dans le crépuscule.

Pour ma part j'ai trouvé que c'était un livre très émouvant sur un homme qui s'interroge et qui se voit prêt à remettre sa vie en question pour avoir tout simplement l'impression d'être vivant.
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