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Critique de raton-liseur


Après la lecture de cet immense récit graphique, il me faut m'atteler à l'écriture de cette note de lecture et j'ai du mal à savoir par où commencer. Peut-être tout simplement en disant tout le bien que je pense de cette première oeuvre de Valentine Cuny-Le Callet. Elle n'a pas choisi un sujet facile pour se lancer, mais un sujet qui lui tient à coeur, puisque cette jeune femme d'aujourd'hui 26 ans entretient depuis l'âge de 19 ans une correspondance avec Renaldo McGirth, un homme détenu dans le couloir de la mort d'une une prison de Floride. Ce récit graphique retrace la genèse de cette correspondance et ses étapes, la façon dont les liens se sont peu à peu tissés, ce qu'ils s'apportent l'un à l'autre. Et bien sûr, en parallèle, on découvre l'histoire de Renaldo McGirth et de ses démarches pour tenter d'obtenir la révision de son procès, ainsi que des données ou des réflexions sur la peine de mort telle qu'elle est pratiquée aux Etats-Unis, sur le système carcéral en général et sur le rôle du racisme institutionnalisé dans tout cela.
Et pour servir ce propos touffu (je dirais presque trop touffu, et parfois un peu décousu, comme si l'autrice avait voulu tout mettre dans cette première oeuvre, plutôt que d'en resserrer le propos. Ce sera ma seule réserve et elle est bien minime), le travail graphique de Valentine Cuny-Le Callet est tout simplement époustouflant. Elle est étudiante en art plastique et elle met tout son art au service de son propos. Les illustrations sont, à quelques exceptions près (qui sont toutes des dessins de Renaldo McGirth), en noir et blanc. Ce sont soit des dessins soit des gravures, ce qui crée une alternance entre des dessins aux traits impérieux et d'autres aux traits plus sinueux, entre des dessins faits de grands aplats noirs et des dessins fourmillant de détails. Il est dit que le livre est écrit et dessiné à quatre mains (mais seule Valentine Cuny-Le Callet est créditée en tant qu'autrice pour des raisons expliquées en prologue du livre), mais je n'ai pas su distinguer les dessins de Valentine et ceux de Renaldo, c'est troublant.
En un mot, la forme est donc magnifique, le fond est tour à tour émouvant, révoltant, intime, philosophique, factuel, moral, et toujours prenant. J'ai été happée par ce livre, incapable de le sortir vraiment de mon esprit pendant les quelques jours qu'il m'a fallus pour le lire et qui me trotte encore dans la tête plusieurs jours après sa lecture. C'est un livre exigeant, qui demande du temps et de l'attention pour être apprécié à sa juste valeur, et c'est à mon avis une immense réussite que cet ouvrage. Il fallait un certain culot pour se lancer dans ce projet, un certain culot pour l'éditer aussi je pense, mais j'espère que ce culot se révélera payant et que cet ouvrage rencontrera le succès qu'il mérite.

Merci aux éditions Delcourt de m'avoir permis de lire ce livre, via netgalley. Au risque de me répéter, je souhaite beaucoup de succès à ce récit graphique et à ses auteurs.
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