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Critique de kateginger63


Un scandale industriel enfin mis en lumière
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Vous connaissez maintenant mon intérêt pour les destins méconnus de ces personnes qui ont marqué L Histoire, notamment les figures féminines.
Alors, avec quel enthousiasme j'ai entamé ce bel album graphique (je reparlerais plus tard de l'objet-livre).
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Tout d'abord, c'est le 1er roman graphique d'une nouvelle collection chez Glénat, appelée "Karma", (la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera).
Et c'est ce qui fait toute son originalité.
"Des destins uniques qui ont eu une portée collective." Voilà une ligne éditoriale qui me happe déjà par sa singularité.
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De quoi parle Radium Girls? le terrible destin d'un groupe de jeunes femmes américaines sacrifiées sur l'autel du progrès technique.
Dans les années 20, dans le New Jersey, une usine de montres emploie des ouvrières peignant des cadrans et utilisant une substance toxique, le Radium.
Innocentes, naïves, elles travaillent à une cadence soutenue, touchant la peinture avec leurs doigts et mouillant leurs pinceaux, ce qui vous imaginez bien, est très délétère. A l'aune de notre savoir contemporain, aujourd'hui, ce serait une hérésie de travailler avec ce genre de matériau hautement toxique. Mais dans les années Folles, aucun fait scientifique n'a été discuté (du moins dans la version officielle).
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Malgré une prise en main un peu difficile au début car peu habituée à des esquisses de visages pointus des personnages, j'ai complètement adhéré à l'ambiance générale du dessin.
Le trait est expressif, on sent ce mouvement joyeux et vif jusque dans le dessin sobre. Les croquis aux crayons de couleur sont pratiquement monochromes (le vert et le violet/mauve, ce côté frais et girly qui marque l'ambiance et fait le contrepoint avec le thème dramatique de l'histoire).
Certaines pages sont muettes de texte et appuient la forte teneur de cette souffrance (maladie, cancer) des protagonistes. Malgré la sobriété de l'ensemble, quelques détails sont quand même à souligner : on sent que l'auteure s'est très bien documentée notamment pour les objets du quotidien inhérents à l'époque.

D'un papier épais où le pigment de la couleur est bien marqué, la peinture phosphorescente sur les visages sur la couverture est un clin d'oeil au radium luminescent: l'éditeur a soigné l'objet-livre.
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L'histoire tragique, presque oubliée de tous, m'a serré le coeur. Ce fait historique médical,qui est tout de même un scandale de santé publique et dont j'ai comparé avec le saturnisme (ingestion de plomb encore décrié aujourd'hui).
Ces jeunes femmes insouciantes appelées Ghost girls, avec un destin tragique n'ont pas pû faire le poids avec les géants de l'industrie, en témoignent les nombreux procès.
Je vous avoue que j'ai franchement été remuée par ce récit.
Oui, il faut mettre en lumière toutes ces vies oubliées. D'ailleurs, à la suite de ce scandale, la loi américaine protège dorénavant les ouvriers.
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Ce roman graphique trône désormais dans la bibliothèque de ma fille aînée (à qui j'ai fortement recommandé cette lecture). Je gage qu'elle va le prêter à ses amies.
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PS: petit bonus en fin d'ouvrage avec de la documentation sur ce combat de longue haleine.
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