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Critique de leboncoinlecture


Tout d'abord, j'ai été séduite d'entrée de jeu par le dessin souvent très graphique, j'entends par là structuré à partir de figures géométriques vraiment visibles, mais que je trouve très douces et élégantes, dans l'esprit des cubistes ou de Tamara de Lempicka mais en plus souple, en partie je pense grâce à la colorisation au crayon de couleur et presqu'uniquement en camaïeu de vert (radium...) et de violet, souvent très subtil, qui joue incroyablement avec les ombres et lumières. le cadrage est souvent finement réfléchi, entre petits et grands formats, page ou double-page, grand angle et zoom. S'y ajoute un sens du mouvement époustouflant, notamment dans une scène de danse et dans une scène de bain de mer : on a l'impression d'y être, d'entendre la musique et le ressac de la mer, de se trémousser avec les danseurs et danseuses sur la piste et de se laisser bercer par les vagues et éclabousser par l'écume.

La première moitié pose le cadre initial et les décors sont riches et très ancrés dans la réalité. Dès lors que le première fille décède, le décor se vide et s'éclaircit, cela m'a donné une impression de perte de repères, renvoyant au malaise de ces femmes qui se découvrent tour à tour touchées par les effets néfastes du radium. On termine avec une phase de lutte judiciaire où le monde en arrière plan a retrouvé sa place, les travailleuses ayant décidé d'affirmer leur combat.

Vous l'aurez compris, pour le travail graphique, je vais même au-delà des cinq étoiles.

Pour ce qui est du scénario, je suis un peu plus mesurée. Les trois étapes ne me semblent pas traitées de manière suffisamment équilibrée. J'ai beaucoup apprécié la première partie qui nous plonge dans le quotidien de ses femmes et installe leur complicité, qui est parfois discordante, leur travail à l'usine, leurs loisirs, leurs préoccupations. La compréhension de l'ampleur des dégâts provoqués par le radium et sa démonstration me semblent avoir une juste place. La dernière partie, traitant des poursuites judiciaires, me semble trop rapide et ne permet pas suffisamment à mon sens de comprendre les difficultés rencontrées face à l'Institution et aux grandes forces capitalistes de l'époque.

Évidemment, j'ai été touchée par le destin tragique et l'injustice subie par ses femmes pleines de vie, révoltée mais pas surprise par l'inconséquence des patrons, effrayée par la publicité des produits au radium (qui montre aussi que la prise de conscience de sa dangerosité n'avait pas encore eu complètement lieu).

Malgré mon petit bémol, pour moi c'est une lecture forte extrêmement bien servie par le dessin.

Et le petit truc en plus : la couverture est phosphorescente dans le noir :-)
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