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Critique de StCyr


Aristocrate mondain, intellectuel raffiné, sensuel et jouisseur, manière et désoeuvré, sorte de Des Esseintes blasonné et méridional, Andrea Spirelli, conte d'Ugenta, coule une existence frivole, dans le monde cosmopolite et vain de la gentry romaine. Imprégné d'art, de haute culture, dernier rejeton d'une illustre famille de gentilshommes et d'artistes élégants, notre alangui héros vit dans le culte de la beauté et du plaisir, et n'a de cesse, dans son existence, que d'atteindre à la plus haute cime de la jouissance et de la volupté. Certes, en lui, parfois, s'agite une insatisfaction essentielle au spectacle de toute la vanité du monde dans lequel il évolue, une aspiration à une vie plus pleine, plus pure, plus haute, mais sa nature sensitive agit au détriment de sa force morale, le replonge dans un tourbillon enivrant de vices et de plaisirs. Ainsi son coeur est partagé entre deux femmes; l'une, duchesse de Scerni, une ancienne maîtresse remariée à un lord anglais, pour des raisons purement financières, et l'autre, Maria Ferrès y Capdevila, épouse fidèle, mais malheureuse, du ministre plénipotentiaire du Guatemala à Rome. D'une nature foncièrement fausse et changeante, notre jeune aristocrate pare des grâces de l'absente les séductions de la femme avec qui il s'entretient, pour former la silhouette morale et corporelle d'une troisième déesse, l'Idéale.

L'enfant de volupté est le roman d'un courant littéraire, le décadentisme, dont les représentant français furent, entre autres, Barbey d'Aurevilly, Huysmans, Lorrain ou Villiers de L'Isle-adam. Écriture artiste, recherche du vocable rare, description raffinée d'intérieurs cossus, capiteuse odeur de corruption humaine et de vices recherchés, rien n'y manque. L'atmosphère de la ville éternelle, de la Rome du quartier prestigieux de la Piazza di Spagna, est omniprésente. le livre deuxième débute magnifiquement par la description de la propriété du Palazzo de Schifanoia, à Ferrare, plongée dans une atmosphère mythique digne d'une nouvelle Arcadie. Malheureusement, ce roman alterne les passages sublimes avec d'autre épisodes languissants, plongeant le bénévole lecteur dans un ennui certain. L'étalage complaisant de sentiment superfin, à la limite de l'outrance de certains romans de l'époque romantique, lassent à la longue.
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