Bon, je voulais juste, vous dire ceci: à deux, on cherche mieux, voilà tout.(p. 71)
Mais toutes choses comme venues d'un autre, choses anciennes et en outre déjà dites plus de mille fois. Pas un seul mot venu vraiment de moi: et là, en revanche, il fallait quelque chose de nouveau, de moi, et tout le reste était moins que rien.
Je l'interrompis en souriant:
"Ma foi, depuis quelque temps, il ne souffle pas un trop bon vent pour nous les prêtres, je sais bien. Mais il me semble que nous n'en sommes pas encore là. "
Et je dis cela sur un ton propre à lui faire comprendre que tout ce qu'un homme peut apprendre sur un autre: nom, rue, métier, ainsi de suite, je l'avais appris depuis un bout de temps. Le reste, c'était justement d'elle que je l'attendais.
Le couloir était plus noir qu'un four et à la vue de cette raie de lumière qui sortait par la fente de la porte, je me sentis comme en dette: le créancier est là qui attend et on ne sait quoi faire parce qu'on a déjà dépensé tous ses sous depuis un bon bout de temps et tout ce qu'on a, c'est quelques quelques pièces de cuivre qui tiennent dans une main.
J'ai une chèvre que j'emmène toujours avec moi : et ma vie, c'est exactement la sienne. Elle vient au fond de la vallée, elle remonte à midi, elle s'arrête avec moi au bord du fossé, et puis je l'emmène au canal et quand je vais dormir, elle va dormir aussi. Et même pour la nourriture, il n'y a pas grande différence, parce qu'elle mange de l'herbe et moi de la chicorée et de la salade, et la seule différence c'est le pain. Et dans quelque temps, je ne pourrai même plus en manger... Comme moi... comme moi. Voilà la vie que je mène : une vie de chèvre. Une vie de chèvre et rien d'autre.