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Critique de isanne


Italie,Chaîne des Apennins.
Montelice.
Un village aux sept maisons, niché dans la montagne.

Non, pas "niché" mais accroché, perdu, oublié dans les contreforts parce que "niché" évoque trop de douceur, trop de tranquillité, trop de sérénité pour la vie qui s'y écoule.
Et là encore "s'écoule", non pas réellement parce que tout y est âpre, et donc la vie y est plutôt subie.

Peu d'habitants, plutôt une présence animale qui accueille le lecteur dès les premières pages avec les chiens, les chèvres : ce sont eux que l'on entend dans ce récit, que ce soit le son des aboiements ou le tintement des clarines. Et déjà le roman se fait bruits et sonorités, se fait tintinnabulements, échos des voix des chiens qui se répondent.

Et les hommes ?
Ils traversent douloureusement les saisons et parlent peu.

Au fil des pages, accrochée dans les mots rares et dans l'extrême simplicité du style, une impression que toujours l'hiver règne. La palette de couleurs qui surgit à la lecture est froide, pauvre : du bleu pâle, du violet, du gris et si par bonheur, on évoque le soleil, il est terne, jamais d'un jaune lumineux qui éclairerait. La lumière est voilée, comme déjà obscurcie.


Au milieu de ce village, le prêtre.
Celui qui enterre, qui attend, qui regarde. Celui qui dira au prêtre du village voisin nouvellement arrivé : "il ne se passe rien."
Un prêtre âgé, observé de ses ouailles, scruté.
Et celui-ci pose un regard d'humanité sur une femme très pauvre, qui travaille tout le jour et ne quitte jamais sa chèvre. Une femme qui vit dans la solitude, à l'écart.

Et c'est autour de cette femme, autour de ces mots échangés entre eux, d'abord tus, puis effleurés, puis murmurés, puis avoués que se construit le récit : la question qu'elle brûle de poser au prêtre suscitera un tel embarras chez celui-ci qu'il ne saura être ni la présence, ni le refuge qu'elle désirait dans sa simplicité, ni accorder la réponse qu'elle aurait souhaité entendre, qui aurait été soulagement, peut-être...



Un étrange texte très court, épuré pour que le phrasé se fasse écho de la vie qu'il décrit, sans grandiloquence aucune, se contentant du nécessaire dit, mais cependant tout en précision, un texte paradoxal parce que malgré le peu de scènes du récit, on referme le livre comme habité de la présence de ces hommes, femmes, enfants et animaux, de ce coin perdu et oublié. On est comme rempli de ces silences trop lourds et qui n'étouffent que peu les questions qui lancinent, qui peinent à trouver un début de réponse.
Et le questionnement de cette femme, il devient inéluctablement nôtre...


(Lecture de 2020, relecture en Janvier 2023)
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