AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JustAWord


Tout a mal tourné pour notre sénéchal préféré, Philippe Gardeval. Emprisonné dans les geôles royales et accusé de trahison, l'ancien conseiller du Roi s'interroge sur les maigres chances de victoire qu'il reste à Lysimaque contre les forces de Castlewing et du séraphin Demosthène. L'armée du connétable Brévius pourra-t-elle revenir à temps pour briser le siège ?
Le traître finira-t-il par empoisonner le Roi Édouard ? La famille de Philippe survivra-t-elle à la véritable guerre civile qui se déroule en la ville basse entre partisans du roi et zélateurs du syncrétisme ? À l'heure du dernier carré, les masquent tombent et Philippe devra redoubler d'ingéniosité pour s'en sortir vivant !
Voilà, peu ou prou, où en est Grégory Da Rosa à l'ouverture de ce troisième et dernier tome de sa trilogie de medieval-fantasy Sénéchal. Une conclusion forcément très attendu qui se doit de conclure les intrigues ouvertes (et renforcées) depuis le premier volume par le français qui n'hésite pas, dès les premières pages à rendre hommage aux Rois Maudits de Maurice Druon.

Morts et regrets
Si l'enfermement ne dure pas longtemps pour notre sénéchal, les choses s'accélèrent dès sa « libération » où Grégory Da Rosa arrive formidablement bien à diriger son intrigue pour nous faire douter de tous à un moment ou à un autre. On comprend rapidement que, davantage encore que les précédents, ce troisième volume sera le lieu des griefs et des rancoeurs où le pardon n'a pas sa place. Récit de passions mortes et d'histoires qui n'ont pas eu lieu, cette ultime aventure démontre que l'homme, aussi puissant ou noble soit-il, n'est que le pantin des sentiments et le produit de ses fautes, Philippe tout autant qu'Édouard.
Si les morts finiront d'ailleurs par pleuvoir, le récit lui-même n'emprunte pas tant à la fantasy pure et dure qu'au récit policier où le coeur de l'intrigue réside dans la chasse au traître.
Malheureusement, Sénéchal reste une première oeuvre et Grégory a souvent du mal à négocier son suspense comme il faut. Parfois étiré comme un chewing-gum trop lâche, celui-ci lasse et retarde la résolution de certaines sous-intrigues pourtant capitales. La chose étant d'autant plus agaçante sur le moment que l'on attend fébrilement le dénouement de l'histoire.
L'autre travers du français, à savoir l'énumération des faits ou des suspects, se retrouve en sourdine pour ce dernier volume prouvant la progression de son auteur.

La fureur de la Bataille
Reste alors à Sénéchal de convaincre par le fer et le sang.
Sur ce versant, Grégory Da Rosa maîtrise et impressionne même lors d'une fuite désespérée dans une ville basse en ébullition ou lorsque la dernière bataille au sommet de la Citadelle fait rage. Si l'on peut reprocher l'interminable passage dans la Chapelle Inversée, il permet au moins d'en apprendre davantage sur l'excellent background fantasy/religieux de Sénéchal qui, finalement, reste toujours aussi convaincant.
De façon assez attendue pour les lecteurs attentifs aux moindres détails, la dernière partie du roman renverse l'échiquier en achevant la réflexion de fond entamé dans le précédent tome sur l'incapacité de la Noblesse à gouverner comme il faut. Un message politique à peine voilé critiquant les élites en place au profit des gens méritants qui sacrifie tout pour les autres.
Derrière ses apparats fantasy, Sénéchal parle en réalité des petites gens, du Peuple (pour lequel Grégory démontre à la fois sympathie et lucidité) et sur l'utilisation des puissants d'un pouvoir qu'ils ne méritent tout simplement pas. La révolution qui prend place dans Sénéchal semble dès lors logique et surprenamment moderne.

Les contraintes du Pouvoir
Pourtant, l'auteur français termine sa trilogie sur un constat plutôt amer : atteindre une position de Pouvoir demande des sacrifices…et de se salir les mains. Pour changer son époque, faut-il faire table rase comme Game of Thrones et ses Noces Pourpres ?
C'est finalement le personnage de Philippe de Gardeval, entièrement en niveaux de gris, passionnant jusqu'à la dernière page, qui impressionne par sa justesse et son réalisme.
Dans Sénéchal, les problématiques du pouvoir ne se résume pas à savoir si une personne est bonne ou pas, mais de savoir ce qu'elle est prête à sacrifier et à encaisser pour diriger le Peuple comme il se doit.
Entre coups bas et vieilles rancunes, Sénéchal s'impose définitivement comme la trilogie du plus roublard.

Excellente conclusion pour cette trilogie de fantasy inspirée qui n'hésite pas à mêler le médiéval au religieux et au surnaturel.
Grégory Da Rosa ne fait certes pas un sans-faute mais entame avec intelligence une carrière d'écrivain que l'on espère fleurissante par la suite.
La fantasy française semble avoir de beaux jours devant elle.
Lien : https://justaword.fr/s%C3%A9..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}