Après un certain temps je ressens la fatigue des transports, celle qui te conduit à avoir une migraine à peu près à la même heure chaque soir, qui te fait découvrir la vieillesse de ton organisme prématurément, qui empiète sur ton humeur, t’incite à avoir des réactions excessives, à râler presque tout autant que les parisiens et à voir des montées de colère difficilement contrôlables.
C’est savoureux de reconnaître un visage, une voix, une expression, une mimique.
Je ne supporte plus les phrases qui se terminent par “avec le temps”. Je ne supporte plus trop l’attente.
Ma mère n’est pas qu’une simple femme au foyer, pas qu’une simple mère au foyer, pas qu’une simple mère.
Je me sens obligée de jouer à la justicière, de défendre les autres, de parler à leur place, de porter leurs paroles, de les rassurer, de les sauver.
« Je m’appelle Fatima.
Je recherche une stabilité.
Parce que c’est difficile d’être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, à côté de sa vie, à côté de la plaque. »
« Ça raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. »
Je partais pour qu'on me retienne.
Ça raconte l'histoire d'une fille qui n'est pas vraiment une fille, qui n'est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d'autre ?
Je n'ose pas dire que l'homosexualité féminine n'est pas abordée dans le Coran. Je n'ose pas non plus dire que seule l'histoire de Sodome et Gomorrhe l'évoque explicitement. Qu'on ne parle pas d'homosexualité, mais de viol d'hommes sur des jeunes hommes, et pas de relation homosexuelle consentie.