Je m'appelle Fatima.
Fatima est un prénom féminin, musulman.
Je commence à m'habiller "comme un garçon" à l'âge de douze ans.
Je ne le sais pas tout de suite, on me le fait remarquer.
Tu vois, Fatima, tu dis que tu ne m’aimes pas, que tu n’as pas aimé, que tu n’es pas tombée amoureuse, mais là, quand on est ensemble, sous les draps (elle dit ça en montrant le lit), là, sous la douche (elle dit ça en pointant du doigt la salle de bains), ta manière de me regarder, de m’attraper la nuque, de mordiller mes lèvres, ta manière de sentir mon cou, de poser ta main entre mes cuisses, tout ça, qu’est-ce que ça veut dire ? Tu me fais l’amour comme si tu m’aimais, mais ce n’est pas le cas. Soit on baise, soit on fait l’amour, Fatima. Mais arrête de faire semblant !
Mon père disait souvent que les mots c’est « du cinéma », il n’y a que les actes qui comptent....
Par ailleurs, je crois que c’est terrible de dire «je t’aime ».
Je crois que c’est aussi terrible de ne pas le dire.
De ne pas réussir, s’en empêcher.
Je commence à prier, réellement, sans faire semblant, à mes dix sept ans. Avant, quand on me réveillait à l'aube, je me levais difficilement, la tête dans le cul, je faisait mine de faire les ablutions, mais je ne me passais pas d'eau sur le visage ni entre les orteils.
Je dormais debout en faisant la prière, allez, un, deux, un, deux. C'est fini ! je retourne me coucher.
p.87
[...] Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion.
[...] Je partais pour qu’on me retienne.
Je suis bien accueillie par ma famille inconnue.
Mes tantes sont « tactiles ». Mes parents le sont moins. Ou pas du tout.
Je découvre les premiers câlins, les embrassades, les caresses, les compliments, les mots doux. (page 167)
En Algérie, la France, c’est à la fois un sac à merde et le paradis. (page 158)
- Tu sais quoi ? C’est pas grave, mama ! Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion. (page 138)
Je n’ose pas dire que l’homosexualité féminine n’est pas abordée dans le Coran. Je n’ose pas non plus dire que seule l’histoire de Sodome et Gomorrhe l’évoque explicitement. Qu’on ne parle pas d’homosexualité, mais de viol d’hommes sur des jeunes hommes, et pas de relation homosexuelle consentie. (page 129)