Je m’appelle Fatima.
Adolescente, je suis une élève instable.
Adulte, je suis hyperinadaptée. (page 118)
Madame Guérin [la psychologue], elle prend son pied quand elle voit que je suis torturée, quand je me retiens de balancer sa table contre le mur, quand elle insiste pour me faire parler de ma mère. (page 88)
- La PRIDE, Fatima ! Ne dis pas la Gay pride, tu invisibilises les lesbiennes et tout le reste de la communauté en disant Gay pride. (page 84)
Je suis en cours de sport la première fois que j’ai mes règles.
Je réalise que je suis une fille.
Je pleure.
Le soir, je dis à ma mère que je ne veux pas.
Elle m’explique que c’est naturel.
Je déteste la nature. (page 48)
Je détestais qu’on m’appelle « ma belle ». (page 21)
Ils disent qu’oublier mon traitement, c’est refuser de prendre soin de moi, de mon corps, de ma santé.
« Ils » : ceux qui ont essayé de me faire comprendre ma maladie, que je ne comprends pas.
Pneumologues, médecins, infirmiers, kinés. (page 20)
Avant l’adolescence, mon père me chantait des chansons.
Il me racontait des histoires, aussi.
Loundja ! Loundja, la princesse aux cheveux d’or.
Mon père commençait toujours son histoire par : il était une fois.
Il était un fois Loundja. (page 17)
Fatima signifie « petite chamelle sevrée ». Sevrer, en arabe : fatm. (page 14).
À quatorze ans, je ne savais pas faire mon lit.
À vingt ans, je ne savais pas repasser une chemise.
À vingt-huit ans, je ne savais pas faire de pâtes au beurre.
Je n’aimais pas me retrouver dans la cuisine, sauf pour manger. (pages 8-9)
J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne.