Je m’appelle Fatima. Je suis une petite chamelle sevrée.
Je suis la mazoziya, la dernière. La petite dernière.
Avant moi, il y a trois filles.
Mon père espérait que je serais un garçon.
Pendant l’enfance, il m’appelle wlidi, « mon petit fils ».
« Il n’y a que sur les photos qu’on est heureux. »
- Tu sais quoi ? C’est pas grave, Mama ! Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion. Mais qui sommes-nous pour interférer dans la foi et la pratique de quelqu’un ? Et puis tu ne crois pas qu’ils auraient préféré aimer les femmes ?
J'airais voulu être imam, réciter le Coran avec le tajwid, une lecture psalmodiée; guider la prière de groupe, écouter, conseiller, faire des conférences.
Je suis la seule fille du groupe mais je ne le sais pas encore.
Je m’appelle Fatima.
Je porte le nom d’un personnage symbolique en islam.
Je porte un nom auquel il faut rendre honneur. Un nom qu’il ne faut pas « salir » comme on dit chez moi.
Chez moi, salir, c’est déshonorer. Wassekh, en arabe algérien.
Amina est algérienne musulmane, mais ce n'est pas marqué sur son front.
Tout le monde dit que sa famille est "francisée", parce que Amina va au conservatoire de musique à Livry, elle fait du piano et aussi de la gym.
Sa mère ne porte pas le voile.
Son père n'a pas de longue barbe.
Je porte le nom d'un personnage symbolique en islam.
Je porte un nom qu'il ne faut pas salir, un nom que je dois honorer.
Je m'appelle Fatima et je sens Dieu partout où je vais, partout où je suis.
Je sens Sa grâce m'envelopper.
Avant mes dix-neuf ans, je décide de m'inscrire à l'école de l'asthme.
L'école de l'asthme est un concept créé en 1991 par l'association Asthme&Allergies, elle vise à donner une éducation thérapeutique moins ennuyante que des cours théoriques.
J'apprends que cette formation permet de mieux connaître la maladie et de la contrôler.
L'école t'apprend à devenir acteur de ta prise en charge, à mieux maîtriser les déclenchements, à prévoir et éviter l'apparition d'une crise d'asthme ou à empêcher qu'elle ne s'aggrave, et, surtout, on t'enseigne à accepter la maladie.
Mon père s'appelle Ahmed. Ahmad, digne d'éloges.
Ma mère, Kamar, la lune.