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Critique de Lencreuse


Elle s'appelle Fatima Daas. Elle est la mazoziya, la petite dernière. Dans sa famille, tout le monde est né en Algérie, sauf elle.
Elle s'appelle Fatima. Elle vit à Clichy et passe des heures à observer ses contemporains dans des wagons de RER bondés.
Elle s'appelle Fatima. Elle est musulmane, croyante, pratiquante.
Elle s'appelle Fatima. Elle est homosexuelle.
Dans un monologue en forme de scansion, Fatima Daas se raconte. L'enfance dans la cité, l'autorité scolaire qu'on défie, la bande de copains avec qui on se la joue, les soeurs à qui on s'agrippe face à la violence du père, la mère taiseuse maîtresse en sa cuisine, les études, la vie à la cité toujours, les filles, les soirées. La foi sans laquelle elle ne s'envisage pas.
Ce livre comme une prière psalmodiée – à l'image de celle que Fatima se verrait bien conduire devant les fidèles à la mosquée – renferme sa part de douleur : l'opposition permanente dans laquelle Fatima Daas se débat. Être elle, aimer les filles c'est être une pècheresse. Cette culpabilité jamais réglée la fait passer à côté de ce qu'elle pourrait offrir autant que de ce qu'elle pourrait recevoir. Rêver de l'improbable acceptation des siens, de Son pardon, de l'apaisement. Tenter de trouver des réponses, des solutions auprès de Lui et de Ses représentants mais comme dans un cercle infernal, toujours tomber sur la même réponse : s'épuiser dans la foi pour se laver. D'ablutions en prières, Fatima apprend à rencontrer Allah. Partagée entre une foi inébranlable et une identité ineffaçable, Fatima compose. Et Fatima écrit. Pour se dévoiler peut-être enfin au grand jour, révéler sa double vie, dire sa culpabilité. Dans le monde LGBTQ+, la voix de Fatima Daas résonne, dissonante. Être soi, c'est accepter de ne pas plaire à tout le monde. Pourtant, elle voudrait tant Lui plaire, comme à Ahmed et Kamar, ses parents. Avec La petite dernière, Fatima Daas se révèle une voix originale dans cette rentrée littéraire, touchante dans sa fragilité derrière les habits de brutalité et de froideur qu'elle revêt parfois pour mieux se dissimuler. Une poésie brute, émouvante de déchirements.
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
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