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Critique de Meps


Cette saga fait partie des grands succès jeunesse de ces dernières années. On appréhende toujours un peu ce genre de lecture puisqu'on sait qu'à force d'en attendre trop, on court le risque d'être déçu. Pour limiter ce risque cette fois, j'avais jeté un coup d'oeil aux avis les plus négatifs pour voir où le bât pouvait blesser et ainsi ne pas m'attendre qu'au meilleur.


Une des grandes critiques que j'ai pu lire sur plusieurs avis serait une certaine "mysoginie" du livre avec une héroïne qui serait trop victime de ce qui lui arrive, trop passive. J'ai eu du mal à comprendre cette position puisque j'ai vraiment senti que le but de l'auteur en choisissant cet angle de récit etait une dénonciation de ce que peuvent encore subir de nos jours les jeunes filles dans les choix qui leur sont imposés (et y compris toujours dans le cadre de mariage forcés, j'ai régulièrement l'occasion de le vérifier professionnellement). On sait que le biais de la fantasy permet aussi un effet miroir sur notre monde, et j'ai trouvé au contraire très intéressant ce personnage qui doit faire face à l'injustice de ce à quoi on la soumet, qui se rebelle très régulièrement tout au long du récit même si elle s'affronte à des murs infranchissables. L'effet identification doit vraiment fonctionner pleinement pour les lectrices un peu timides et maladroites qui comprennent ainsi que la vie ne leur fera pas toujours de cadeau mais qu'il y faudra alors se battre pour faire valoir ses droits et son opinion. Vouloir des héroïnes immédiatement super fortes et invincibles, c'est pour moi être contre productif, notamment dans le cadre de la littérature jeunesse. Je ne doute pas qu'Ophelie prendra de la force et du courage et saura incarner son destin au fil des tomes de la saga.


Une autre critique pointe le manque d'action de l'histoire qui se trainerait au long des plus de 500 pages du volume. Cet avis me semble plus justifié mais est contrebalancé pour moi par le souci du rythme (avec des chapitres courts) et l'art du contrepied de l'auteure, avec des fins de chapitre très régulièrement surprenantes et qui font prendre un chemin inattendu à l'histoire. L'héroïne principale est certes le plus souvent passive et observatrice, mais c'est plutôt malin pour un premier tome qui doit plus expliquer l'univers où évolue les héros que pleinement l'exploiter.


Et pour le coup, l'univers développé est la vraie force du récit. Tout en gardant certains codes du genre pour ne pas déboussoler le lecteur (des pouvoirs spécifiques, l'héroïne principale en apprentissage, des personnages secondaires dont on a du mal à savoir s'ils sont bons ou mauvais), l'auteure amène une vraie originalité dans la construction de son monde. L'origine post apocalyptique pour l'instant un peu floue, le fonctionnement par arches, grandes îles flottantes dominées chacune par un esprit de famille, des pouvoirs avec toujours un élément de nouveauté par rapport à ce qu'on connait d'habitude (maîtrise des objets qui va jusqu'à lire dans leur histoire et celle de leurs différents propriétaires, création d'illusions plus vraie que nature, télépathie qui crée un lien entre tous les membres d'une famille). On commence par se dire "Ah oui, ça on a déjà vu dans... " et puis on ne finit pas la phrase parce qu'en fait on a finalement vu ça nulle part ailleurs exactement comme ça.


Le potentiel sous-jacent non encore développé promet des tomes très intéressants, avec on l'espère une action qui prendra de l'ampleur au fur et à mesure de l'évolution du personnage principal. A la lecture, j'avais tendance à rapprocher de la saga A la croisée des mondes (je n'ai lu que le premier tome de celle-là aussi pour l'instant, ne me sautez pas dessus si vous estimez que ça n'a rien à voir ! Je plaide coupable d'avance !). Ce serait en tout cas une jolie référence et expliquerait bien le nombre de prix que cette série de livres a apporté à son auteure.
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