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Citations sur Jonas - Les Ponts de Budapest et autres poèmes (27)

Et pourtant Seigneur
je suis Vous, je suis une goutte infime de la même mer que les saints
et les anges, je suis un fil de la même tunique sans couture

(p. 72)
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Les arbres dorment comme un corps inerte,
Un papillon se hâte vers sa perte.
Seul, sans recours, il faut fermer les yeux
Et tout au fond du noir creuser vers Dieu.

(p. 73)
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Quel jardinier bizarre est le maître qui
fait attendre à celui qui plante un arbre qu’il soit mort
avant de laisser mûrir le fruit.

(p. 139)
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Crépuscule


Salomon sait la malice, la ruse, l’intrigue
la longue ambition dissimulée, la grande
concupiscence du pouvoir qui brûle les chétifs,
ceux qui jamais ne furent, jamais ne seront, rois.

Salomon a vu se ranger les armées, trépignantes
de sottise sacrifiée sous les torchons sacrés.
Salomon a connu, assis sur leurs sacs de laine,
les juges frileusement jouant à décider d’autrui.

Salomon n’est pas désarmé devant le soir
qui ouvrant le sérail laisse derrière la tenture entrebâillée
une longue lueur verte mourir sur les collines confuses
d’où un jour très lointain doit venir le salut.

L’heure n’est pas aux prêtres délirants, aux mages
prophètes sautants et glapissants de haine dédiée.
L’heure est tout entière, et pour des siècles encore, à la seule
attente d’une venue qui tardera longtemps sur les collines.

Il est des siècles où le temps stagne. Pourtant
belles les moissons, pleines les brebis, à flots
les génisses au soir, les femmes à foison
à grands frais amenées entravées de soie.

Il est des nuits à se créer le vide dans l’âme
Qui plane haut au-dessus du corps contenté
Vide de toute brûlure. Il est des nuits où la chouette
Crie sans désir et sans regret dans l’arbre mort.
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DÉPASSÉ. PROVISOIREMENT


Sombre. Mais l’espace plus vaste.
Moins de gens. Le sentier dans l’obscurité
mène-t-il vers une solitude plus vraie ?
Peut-être est-ce à cet âge, en ce lieu, ici
que se partagent les routes.

Sombres heures, journées, semaines. Ainsi
dans la plaine de ton enfance, les eaux très lisses,
très silencieuses. Et noires. Le cœur
s’est lassé de courir. À pas plus lents.
à pas presque égaux, ce cœur
nous entraîne sans bruit vers l’ampleur de la nuit.

Il ne désire plus. Ne gambade plus. Ne se cabre plus.
Mais à voix basse, dans la brise obscure, il chante encore.
Lente chanson linéaire, horizontale,
sans grincements, sans grimaces, sans cris.

Il est temps de dormir. Faut-il présentement
attendre le retour d’une aube plus mûre
pour un travail plus régulier ?
Ou faut-il déjà, faut-il vraiment, faut-il
descendre vers les rives de la grande eau souterraine ?

p.146-147
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         BACH EN AUTOMNE

                  V


À travers la futaie de l’orgue le souffle qui chantera la gloire du Seigneur
Est à larges semelles boueuses pompé par le fossoyeur sacristain.
Dans son effort boiteux sur le soufflet, le bonhomme, tête levée,
Bras à la barre, les jambes écartées figure une difforme
         Étoile pentagonale

À mi-chemin entre l’origine et la perfection des temps,
Cinq est le chiffre de l’homme, irrésolu parmi les choses certaines.
Désordre essentiel dans la balance. Arbre mobile,
Animal hésitant, ange aveuglé. Adam dresse dans la lumière
         Le cri de son infirmité.

Le pâtre, le pêcheur, et l’arbre même sont minuscules sur la plaine.
Grand arbre horizontal, j’ai souvent regardé le fleuve. Ô platitude divine !
Tandis que sur un même obstacle l’eau successive répète une forme perpétuelle
L’Elbe depuis la mer jusqu’à ses mille sources demeure
         Partout présente d’un seul tenant.

J’ai vu l’oiseau judicieux pêcher de son bec courbe et jaune,
Le soleil d’entre les nuages allumer les bulles de la carpe. Ce sont
Détails heureux. Mais gonflé de pluie ou rumeur dans la brume
La voix qu’impose le fleuve surgit de la constance
         D’une eau sans visage et sans nom.

Maintenant que ma vie est étale dans la plaine assombrie
Et que la nuit avec indifférence vient lisser mes eaux taciturnes,
Accorde-moi Seigneur, à l’heure où de tes profondeurs
Affleure l’ordre sonnant des astres , de refléter encore
         Leurs intervalles immuables.

p.29-30
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Tourne vers ton souverain condamné
Ton masque de poupée qui sourit. Ô seule forte et seule sage,
Ô seule école de la mort !
(Un chant de Salomon)
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Le vent par-dessus les glaciers accouru du désert
vient à peine fraîchi tourmenter les branches du grand sapin.
Quand tout est en travail comment dormir, comment aussi mourir ?

(p. 141)
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Âme, tu n’es que panse
vide toujours ventouse avide de sang frais tripe
anxieuse de nourriture
tes maigres mandibules
gloutonnement se saisissant de cadavre sacré
et mastiquant pour remplir et rassasier ta peur
ton doute immonde, ta sottise,
élève vers Dieu ta sordide prière de demande

Je te connais…

… Ta stérilité.

(p. 70)
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LES VERGERS DE TOMBOUCTOU


                4

Dormeuse,
Je garde loin de toi les esprits des morts futiles,
Les pensées des voyageurs distraits, les désirs des
Vieillards affligés d’incontinence mentale.
Dormeuse, viens
Me rejoindre sous l’arbre à rencontres.
Je te dénouerai dans la lumière jaune de mon repos.
Demain tu te réveilleras
Contente.

                5

Les petites âmes aiment l’arbre à mensonges,
Les petites âmes vont y sécher leurs petites larmes.
Par de petits émois les petites âmes ajournent
La saison de grandir.
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