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Citations sur Jonas - Les Ponts de Budapest et autres poèmes (27)

Psaume


La baleine, dit Jonas, c’est la guerre et son black-out.
La baleine, c’est la ville et ses puits profonds et ses casernes
La baleine, c’est la campagne et son enlisement dans la terre et l’épicerie
  et la main morte et le cul mal lavé et l’argent.
La baleine, c’est la société, et ses tabous, et sa vanité, et son ignorance.
La baleine, c’est (dans bien des cas, mes frères, mes sœurs) le mariage.
La baleine, c’est l’amour de soi. Et d’autres choses encore que je vous dirai
Plus tard quand vous serez un peu moins obtus (à partir de la page x).
La baleine, c’est la vie incarnée.
La baleine, c’est la création, en fin de compte superflue, mais indispensable pour cette expérience gratuite et d’ailleurs quasiment inintelligible.
La baleine est toujours plus loin, plus vaste ; croyez-moi, on n’échappe guère, on échappe difficilement à la baleine.
La baleine est nécessaire .

Et ne croyez pas que vous allez tout comprendre comme cela d’un coup.

Car enfin,
Bien sûr la guerre est emmerdante
Bien sûr la société
Bien sûr le mariage
Mais on n’a pas encore trouvé d’autre école
De sorte qu’en fin de compte
Il ne reste en dernière analyse, comme cause d’emmerdement
Que l’amour de soi-même.
Car il faut savoir : l’on regarde au-dedans ou au dehors
(comme moi quand elle ouvrit la bouche – ou à travers moi).
Ainsi justement : la guerre,
La société, le mariage… il y en
A qui se servent comme
De tremplin pour saute plus loin qu’eux-mêmes…
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Cinq étapes d’un poème
I
FEMMES DE LA PLAINE / C
  
  
  
  
  Le dimanche nous sortions
nous promener au-delà de la gare
en robes claires et souliers blanchis à
la craie, on rencontrait
la pharmacienne.
Pendant la fête des
rameaux la fête des
tentes les gosses, envoyés chez le
boulanger juif rapportaient par piles
de grandes plaques de pain azyme.
Hélas jour sans levain. Où est
passée notre jeunesse et l’album où
l’on recopiait des poésies de
Lamartine (Alphonse de) au
si beau nom français si
distingué
jours sans levain. Et tout au profond
des eaux dormantes grandit à toute
petite vie la rumeur qui dans 20 ans
tuera.


/ Traducteur Baptiste-Marrey
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LES VERGERS DE TOMBOUCTOU


                6

Passé trente ans ne plante plus d’arbres à miroirs,
Passé quarante, taille court l’arbre à gloire,
Passé cinquante, arrose l’arbre à silence,
Pour qu’un matin, descendant au verger,
Pleuvent sur toi les fleurs de la tranquillité.

                7

Je t’ai attendue sous l’arbre à fidélité,
Je t’ai espérée sous l’arbre à mémoire.
Excuse-moi. J’étais bête. Ô douce, ô sage, je te
Retrouve enfin sous l’arbre du sommeil…
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LES VERGERS DE TOMBOUCTOU


                2

Bel arbre que j’ai planté, arbre à réponses,
J’ai regardé souvent à la brise spirituelle
Palpiter tes feuilles doubles, pareilles
À la feuille sombre et claire du tremble.

                3

Il n’est pas bon de trop longtemps sortir la nuit
Dénouer sa chevelure sensible sous l’arbre à paroles.
On apprend trop de choses. À la longue cela fatigue
      Le pouvoir d’ignorer le lendemain.
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LES VERGERS DE TOMBOUCTOU


Deux mille et onze, ô temps où des palmes sans nombre
Bruissaient, ombrageant tomates et concombres
Autour de Tombouctou,
Et des arbres mentaux, plantés par les édiles
Proposaient des vergers aux studieuses sybilles
Et aux dormeurs itou !

                1

J’étais sorti de mon corps endormi
J’étais debout sous l’arbre à songes
Près de la citerne à souvenirs
Le gardien me rappela que la pêche est
Interdite en cette saison et qu’il faut laisser
Mûrir les songes.
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Lente, coupée de silences, progressant par frissons, la sarabande catalane
Se meut dans les espaces de la nuit. Selon qu'elle dresse ou
Creuse ses spirales, elle se hisse aux feux d'Aldébaran ou plonge au nadir
Dans le branchage haletant des artères traverser les amants réunis
Les yeux clos sur le hennissement de leurs cœurs accordés, ils écoutent
Le sang obscur s'ébrouer vers leur mort en éclaboussures de vivaces étoiles.
(...)
Je connais l'attirance de la nuit. La gamme la plus tendue retrouve
Pour descendre à ces vibrations pourpres une pente irrésistible.
Peut-être le désir n'est-il que le déguisement d'une nostalgie de l'âme
Effrayée dans l'obscurité ? Au pied des échelles du songe,
Repoussant l'ange, fermant les yeux, Jacob de tous ses reins vautré
En gémissant étreint la vraie terre, la vraie mort
(...)
Où en vérité, où donc partir ensemble ?
Il fut un temps où nous savions que nous étions époux depuis toujours.
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VILANELLE POUR BETTY


On demande une stewardesse ?
Mon linge est net, mon cœur marche au radar,
Je suis tendre par politesse

Ainsi résonne mainte hôtesse.
Dodo Monsieur, lolo, caca moutard.
On demande une stewardesse.

Malgré ses yeux de druidesse,
Son pouls égal, ses règles sans retard,
Elle est tendre par politesse,

Mais triste avec délicatesse,
Voici Betty ! Ah, plus d’un hospodar
A demandé la stewardesse !

Calme Betty, fraîche déesse
Pour avoir pleuré à la Saint-Médard
Qu’elle est tendre, ta politesse !

p.46
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EXERCICE POUR LE SOIR


Arrête-toi. Au lieu de haleter de seconde en seconde
Comme un torrent de roc en roc dévalant sans vertu,
Respire
Plus lentement et sans bouger, les pieds croisés, les mains jointes,
Regarde , comme si c’était le monde tout entier,
Un objet, menu et domestique, par exemple
Cette tasse.
Néglige sa courbure ce bord ondulé, ces dessins bleus.
Ne considère que l’intérieur, cette cavité blanche, cette surface
Lisse .
L’eau n’est lisse ainsi que les soirs de grand calme
Après une journée qui rassemble et retient son bonheur
Au centre du silence où s’arrête son
Souffle.
Peux-tu nommer un jour, une heure, sans reflets d’hier,
Sans impatience de demain, où ton âme fut ainsi
Lisse ? …

p.56
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Cinq étapes d’un poème
I
FEMMES DE LA PLAINE / B
  
  
  
  
  Odile, priez-pour nous, femmes de la plaine
et plus particulièrement pour nous qui fûmes
filles de quelque lignage, apportant en dot
vignes, chasses, bons alignements
de houblons, de betteraves, de tabac,
bons comptoirs – bons tiroirs-caisses
de bonnes boucheries pâtisseries bijouteries
et maintes sommes pharmaciennes
perceptrices femmes du juge cantonal
et du docteur qui chaque jour en
2 tournées fait ses 100 kms pharmaciennes
notairesses femmes de filateur et de
minotier et d’exportateur de vins.
Odile songez à nos longues journées
sur l’horizon de la plaine haut
et visible au loin pour l’enfant à vélo
revenant du collège, le sapin
qui par les soirs d’hiver gémit à
voix humaine. Une fois par mois
la couturière vient en journée dans la
grande chambre fourre-tout et l’enfant un soir
avait un début de fièvre et la nuit
se réveilla en gémissant. Hélas, nous le
sauvâmes, hélas nous le sauvâmes pour
les camps sibériens les crochets à porcs
des charcutiers bavarois les balles
de la jungle viet ou la montagne kabyle.



/ Traducteur Baptiste-Marrey
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Cinq étapes d’un poème
I
FEMMES DE LA PLAINE / A
  
  
  
  
    les religieuses à grosses joues
rouges, à gros mollets, à gros
derrière le dimanche descendent chez
l’oncle vigneron manger la tarte aux prunes.
Il fait bleu depuis le sommet des monts
jusqu’au bas des coteaux. Mais tout cela c’est
la montagne dont parfois nous autres
gens de la plaine nous voyons au loin
une fenêtre heureuse briller dans un instant de soleil.
La plaine c’est autre chose. Entre les joncs,
parmi les roseaux glissent à long fil d’argent
et noires glissent les eaux dormantes
les eaux profondes ou parfois une servante
se noie pour n’ avoir pas épousé le
fils du meunier du maire ou du maréchal,
glissent les eaux dormantes sous
la chaleur de juillet équatorial
et la cigogne sur ses ailes étales
c’est en vain qu’elle survole
une demi-lieue de champs, tout est sec.
Les grenouilles d’herbes se sont blotties
sous les feuilles. Mais les eaux
glissent profondes pourtant habitées
de carpes, de brochets, de
fantômes, de songes.
Toi qui debout sur la berge regardes
et sans armes vois passer sans
bruit, vois planer la buse, et le
lapereau, toi qui regardes l’eau noire
qu’espères-tu donc ?



/ Traducteur Baptiste-Marrey
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