AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MaiaAlonso


Un petit Kurde raconte son enfance dans un village perdu au milieu des montagnes. Village qui semble s'étrécir à mesure que le narrateur grandit et que sa conscience mûrit, tandis que les mystères (l'eau, le soleil, la pierre) et les dangers qui l'entourent (loups, djinns et autres dragons) sont transfigurés en de merveilleuses fables, toute une fantasmagorie éminemment poétique. Omniprésence des Anciens qui accompagnent leur chemin vers l'universel.

Qui dira le miracle d'une phrase qui n'existait pas quelques secondes auparavant et qui soudain couchée sous la plume de l'auteur, va changer la vie du lecteur ? Car toute phrase sculptée des profondeurs vertigineuses de notre infini intérieur est un bouleversement pour celui qui la reçoit. Ce roman est construit comme une symphonie de l'imperceptible.

Quelques extraits : « C'est parce qu'il y avait la continuité des gouttes que les premières gouttes ne se perdaient pas, devenaient sources, ruisseaux, fleuves et poursuivaient leur traversée pour rejoindre le lieu de rendez vous de toute eau. Il en allait de même pour la goutte qu'était un homme. Seul, il serait désorienté, perdu et sècherait sur place, succombant aux faiblesses de sa nature. Ce n'est qu'au prix de ses retrouvailles avec ses semblables que sa vie pouvait continuer dans des maisons, des villages, des villes, et qu'il pouvait accomplir sa traversée. »

" Et à l'ombre d'un de ces arbres, je commençai, sous la surveillance de mes deux tuteurs comme deux anges à emplir de petits cailloux les premières lettres tracées au sol par le maître. Lettres qui, dans le même mouvement, par cette même tracée, me liaient à la terre, à l'arbre, à son ombre et au vacarme, aux engins, à la source du vacarme qui les avait précédées. Lettres que je ne finis pas de visiter, de l'ombre de ces arbres aux artères qui peuplent mon présent, bouche pleine de cailloux, doigts mêlés à la poussière. Traces que je remplis de lettres avec le loup, la lune, la chèvre, sous des cieux changeants, en passant d'une langue à l'autre, d'un alphabet à l'autre, comme on changerait de monture en cours de route, pour remonter la nuit, à la source. "

Mais tout serait à noter. A lire pour un émerveillement de ligne en ligne !



Commenter  J’apprécie          530



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}