Dans des montagnes perdues du Kurdistan, avant l'arrivée de l'électricité, un enfant, la nuit, les anciens, les terreurs. Irracontable, parce que c'est avant tout un poème (en prose). Fragile et fort, magnifique, troublant. le plus beau récit d'enfance que je connaisse.
A découvrir.
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C'est comme les contes devant le feu, bien à l'abri (l'auteur nous parle de traditions orales) mais c'est aussi de la poésie.
Vous êtes bien installés ? C'est dans un petit village kurde, près des montagnes, au milieu des vignes et d'arbres fruitiers. Dehors, c'est la nuit...
Des bêtes rôdent dans l'obscurité. Un enfant nous parle... de ses peurs, de ses découvertes, de ses Rêves.
Et c'est beau! Écoutez le...
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L'unique roman de l'auteur. Si toutefois on peut appeler ce texte roman. Que ce ceux qui recherchent un récit, des péripéties, une trame, un début et une fin passent leur chemin. L'auteur évoque dans ce livre ses souvenirs d'enfance dans un village kurde perdu, sans électricité, donc sans radio, télé, téléphone…Tout se passe comme il y a des siècles, il faut vivre, tirer sa substance d'une terre pas toujours généreuse, supporter l'hiver et ses rigueurs, la nature et ses dangers, loups, serpents et les sortilèges inexpliqués. Et pour aider à apprivoiser le monde, il y a le savoir que les grands transmettent aux petits, qui donne sens, qui met en garde, et qui en même temps enchante le monde, familier et pourtant mystérieux et magique. Donc l'auteur évoque la terre, le soleil, les sources, les bois, les tortues…..Quotidiens et pourtant impossibles à saisir et à épuiser. le monde se pare des beautés de l'imaginaire, de la richesse de l'invention. Et de leurs peurs aussi par moments.
Quelques habitants du village sont aussi présent, mais peu ont un nom, encore moins un visage. Ils sont juste là pour illustrer, pour servir d'exemple, pour expliquer comment les forces en jeu interviennent dans le cours de la vie des hommes.
Un monde merveilleux et par moments effrayant se dessine, que l'auteur décrit à la façon d'un poète, dans une langue somptueuse. La magie de l'enfance, cet émerveillement et imaginaire qui disparaît avec elle et que tout le reste de la vie on voudrait retrouver, et que parfois, par la grâce d'un grand talent, on arrive à exprimer avec les mots. Sans idéaliser, parce que le monde décrit est un monde difficile, mais rempli de beautés qu'il faut savoir voir.
Une oeuvre dont il est difficile de parler, tant elle est originale et personnelle.
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Ce livre est évocation poétique profondément amoureuse d'une enfance dans un village kurde. C'est aussi une célébration passionée des langues, du français et du kurde surtout.
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Très beau livre poétique d'un homme qui se rappelle son enfance dans son village du Kurdistan turc.
Ce qui m'a manqué c'est un fil conducteur, car le livre décrit certes avec une grande beauté différents petits événements de la vie quotidienne, mais sans qu'il y ait un rythme qui m'emporte.
Peut-être aussi est ce dû au fait que ce livre soit plus une sorte de grand poème sur le sacré et ne raconte pas vraiment d'histoires, du moins pas dans le sens traditionnel.
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Un petit Kurde raconte son enfance dans un village perdu au milieu des montagnes. Village qui semble s'étrécir à mesure que le narrateur grandit et que sa conscience mûrit, tandis que les mystères (l'eau, le soleil, la pierre) et les dangers qui l'entourent (loups, djinns et autres dragons) sont transfigurés en de merveilleuses fables, toute une fantasmagorie éminemment poétique. Omniprésence des Anciens qui accompagnent leur chemin vers l'universel.
Qui dira le miracle d'une phrase qui n'existait pas quelques secondes auparavant et qui soudain couchée sous la plume de l'auteur, va changer la vie du lecteur ? Car toute phrase sculptée des profondeurs vertigineuses de notre infini intérieur est un bouleversement pour celui qui la reçoit. Ce roman est construit comme une symphonie de l'imperceptible.
Quelques extraits : « C'est parce qu'il y avait la continuité des gouttes que les premières gouttes ne se perdaient pas, devenaient sources, ruisseaux, fleuves et poursuivaient leur traversée pour rejoindre le lieu de rendez vous de toute eau. Il en allait de même pour la goutte qu'était un homme. Seul, il serait désorienté, perdu et sècherait sur place, succombant aux faiblesses de sa nature. Ce n'est qu'au prix de ses retrouvailles avec ses semblables que sa vie pouvait continuer dans des maisons, des villages, des villes, et qu'il pouvait accomplir sa traversée. »
" Et à l'ombre d'un de ces arbres, je commençai, sous la surveillance de mes deux tuteurs comme deux anges à emplir de petits cailloux les premières lettres tracées au sol par le maître. Lettres qui, dans le même mouvement, par cette même tracée, me liaient à la terre, à l'arbre, à son ombre et au vacarme, aux engins, à la source du vacarme qui les avait précédées. Lettres que je ne finis pas de visiter, de l'ombre de ces arbres aux artères qui peuplent mon présent, bouche pleine de cailloux, doigts mêlés à la poussière. Traces que je remplis de lettres avec le loup, la lune, la chèvre, sous des cieux changeants, en passant d'une langue à l'autre, d'un alphabet à l'autre, comme on changerait de monture en cours de route, pour remonter la nuit, à la source. "
Mais tout serait à noter. A lire pour un émerveillement de ligne en ligne !
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