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Critique de MicheleP


C'est sa Kabylie natale, que fait vibrer Jibril Daho dans une fresque historique couvrant quatre générations, du premier quart du vingtième siècle à nos jours, à travers l'histoire étonnante - mais non impossible – de trois femmes transmettant leur judéité, au sein de familles musulmanes, à leur fils, petit fils et arrière petit fils, destiné, dans l'ignorance de ses origines, à devenir imam.
Sujet émouvant, empreint d'une rude tendresse et d'une grande tolérance, qui devient vite prétexte à comparer la force de deux rites, la similitude des fêtes coutumières et religieuses, et à confronter les traditions berbèro-musulmane et juive sur le mariage, les accouchements, les circoncisions, les rites mortuaires, suffisamment proches pour que la supercherie soit possible. Mais prétexte aussi, de façon presque jubilatoire, à évoquer les coutumes anciennes de ce monde disparu.
C'est avec une sorte de gourmandise que Jibril Daho fait revivre cette Kabylie traditionnelle - tatouage des femmes, vieilles accoucheuses et corde des naissances, architecture des villages, jarres d'huile enterrées dans le sol des chambres, tissages symboliques, vie sociale autour des sources, nourritures et fêtes - comme il fait revivre, avec un vrai regard de sociologue, les coutumes juives sépharades et celles, encore plus pudiques et rigoristes du Mzab, où les deux amants rebelles qui ont fondé cette histoire, une enfant juive et un jeune musulmans, ont découvert leur amour dans les étroites rues ombreuses de Ghardaïa, avant d'en être bannis pour toujours.
Sur fond d'histoire esquissé, du décret Crémieux à l'exil des juifs, de la colonisation à la guerre d'indépendance, des persécutions administratives à la montée du fondamentalisme islamiste, c'est un hymne d'amour à cette terre de pâturages à l'herbe grasse au printemps, aux « jardins touffus et [aux] petits oueds muets », avec ses ravins profonds, ses lentisques, ses oliveraies et ses figueraies, ce pays où les femmes étaient sages et moqueuses et où les hommes, bien que farouches, avaient « la pudeur des gens sans malice ».
(Critique ou citation ? Ceci est la préface que j'ai écrite pour ce livre d'un ami et me semble la meilleure présentation que je puisse en faire)
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