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Critique de babel95


Je remercie les éditions Armand Colin, et l'opération Masse Critique, de Babelio, de m'avoir permis de lire et de rédiger la critique du livre de Rémi Dalisson, Paul Bert, l'inventeur de l'école laïque.

Le livre proposé par Masse Critique a suscité mon intérêt car ma famille a connu plusieurs instituteurs et institutrices, des hussards noirs de la République, et je sais ce qu'est l'école laïque.
J'ai connu également des groupes scolaires Jules Ferry, et Paul Bert. En revanche, je ne connaissais ni l'homme ni son histoire, et j'étais loin d'imaginer, en lisant l'ouvrage de Rémi Dalisson, toute la complexité de la personnalité que j'allais découvrir.
Paul Bert est un homme du XIXème siècle, né en 1833 à Auxerre, et mort à Hanoï en 1886. C'est un médecin et un homme de science. Il a eu pour maître Claude Bernard, et qui s'est intéressé aussi bien à la physiologie de la plongée sous-marine qu'aux greffes animales. Il incarne le positivisme scientifique « Tout s'explique par la science » ; « si nous observons bien, si nous expérimentons bien et si nous raisonnons juste, nous sommes assurés de découvrir des vérités vraies et de ne point être leurré par quelque puissance occulte». Professeur de physiologie à Bordeaux, il devient membre de l'académie des sciences en 1882.
Ami de Gambetta, Paul Bert est également un homme politique, député de l'Yonne de 1872 à 1876, Ministre de L'instruction publique et des cultes en 1881-1882, puis Résident général du Protectorat français du Tonkin (1886, jusqu'à sa mort en novembre 1886).
En tant que ministre de l'instruction publique, il introduit de nouvelles matières dans les les programmes scolaires destinés aux enfants de 6 à 12 ans : l'instruction primaire comprend l'instruction morale et civique, la lecture et écriture, la langue et les éléments de littérature française ; la géographie, particulièrement, celle de la Frane ; l'histoire, particulièrement celle de la France jusqu'à nos jours ; quelques leçons usuelles de droit et d'économie politique ; les éléments de sciences naturelles, physique et mathématiques ; leurs applications à l'agriculture, à l'hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des premiers outils des principaux métiers ; les éléments de dessin, du modelage et de la musique ; la gymnastique ; pour les garçons les exercices militaires ; et pour les filles, les travaux à l'aiguille ».

Paul Bert est un libre-penseur. Il participe à la rédaction des manuels des écoles de la troisième république, en particulier un manuel d'instruction civique « L'instruction civique à l'école, notions fondamentales, publié en 1881 après sa réélection comme député de l'Yonne, dans lequel il développe les thèmes de la laïcité « de combat », en lutte contre l'influence de l'Eglise, des congrégations, des conservateurs de tout genre.
Paul Bert quitte le pouvoir en 1882, il s'intéresse à la politique coloniale qui sera son dernier engagement. Il se rend en Indochine en 1886 pour devenir Résident général au Tonkin et en Annam, et il décède du choléra quelques mois plus tard.

Résumer en quelques lignes l'ouvrage de Rémi Dalisson me paraît une tâche improbable : en effet, il s'agit d'un travail d'universitaire, extrêmement documenté. La vie de Paul Bert, son parcours intellectuel, ses engagements, sont expliqués, mis en perspective. A aucun moment Rémi Dalisson ne cherche à occulter les prises de position de Paul Bert en matière coloniale, ses idées et théories que l'on pourrait qualifier actuellement de «racistes».
Il s'emploie à replacer l'homme et son parcours dans son époque, et à ne pas le juger selon nos propres critères. le dix neuvième siècle se caractérise par un certain éthnocentrisme – avec lequel Paul Bert, au Tonkin, a pris des distances. En ce qui concerne les controverses, qui sont nées de ses écrits sur la notion de race, il faut être prudent : elles doivent être examinées à la lumière de lectures sociales et sociologiques. Rémi Dalisson s'attache en revanche à montrer combien la laïcité voulue par Paul Bert est proche de nous, de nos conceptions et de nos préoccupations actuelles.

En conclusion, je dois souligner que j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de l'ouvrage de Rémi Dalisson. A travers la biographie de Paul Bert, j'ai découvert une époque complexe, des débats d'idée passionnés, des interrogations sur la vie et sur les valeurs, et un passé qui nous parle, par tant d'aspects.
C'est là tout l'intérêt des biographies de qualité : nous donner les éléments pour nourrir une réflexion sur un homme face à son époque.
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