"C’est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d’apprendre."
L'idée, c'est la graine, la méthode, c'est le sol.
C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d'apprendre.
Comme expérimentateur, j'évite donc les systèmes philosophiques, mais je ne saurais pour cela repousser cet esprit philosophique qui sans être nulle part, est partout, et qui, sans appartenir à aucun système, doit régner non seulement sur toutes les sciences, mais sur toutes les connaissances humaines. C'est ce qui fait que, tout en fuyant les systèmes philosophiques, j'aime beaucoup les philosophes et je me plais infiniment dans leur commerce.
En effet, au point de vue scientifique, la philosophie représente l'aspiration éternelle de la raison humaine vers la connaissance de l'inconnu. Dès lors, les philosophesse tiennent toujours dans les questions en controverse et dans les régions élevées, limites supérieures des sciences. Par là, ils communiquent à la pensée scientifique un mouvement qui la vivifie et l'ennoblit ; ils fortifient l'esprit en le développant, par une gymnastique intellectuelle générale, en même temps qu'ils le reportent sans cesse vers la solution inépuisable des grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une soif de l'inconnu et le feu sacré de la recherche qui ne doivent jamais s'éteindre chez un savant.
C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche d'apprendre.
Quand nous faisons une théorie générale dans nos sciences, la seule chose dont nous soyons certains c'est que toutes ces théories sont fausses, absolument parlant. Elles ne sont que des vérités partielles et provisoires, qui nous sont nécessaires comme les degrés sur lesquels nous nous reposons pour avancer dans l'investigation.
Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale. 1°) il constate un fait ; 2°) à propos de ce fait, une idée naît dans son esprit ; 3°) en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles. 4°) de cette expérience résultent de nouveaux phénomènes qu'il faut observer, et ainsi de suite. L'esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre deux observations : l'une qui sert de point de départ au raisonnement, et l'autre qui lui sert de conclusion.
Celui qui fait un système ne veut pas changer sa théorie. Il aime mieux modifier les faits.
Conserver la santé et guérir les maladies : tel est le problème que la médecine a posé dès son origine et dont elle poursuit encore la solution scientifique.
Chez le savant, la science développe la tête et tue le cœur.