AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de beatriceferon


Anita est un femme comblée. Elle vit dans une belle maison avec grand jardin entretenus par une femme de ménage et un jardinier. Son « mari travaille dans une banque. Il a un métier intéressant, valorisant, directeur de l'agence. (Ses) deux enfants, Géraldine et Hervé, sont en bonne santé. » Ses seules occupations sont d'entretenir sa forme sur son vélo d'appartement et de promener Wouki, son Yorkshire.
Pourtant , si on y regarde d'un peu plus près, les choses ne sont pas aussi roses qu'elles le paraissent.
Dans sa pharmacie sont alignées des tas de boîtes de tranquillisants et autres anxiolytiques. Son mari est toujours en réunion, elle, toujours seule. Sous des dehors amènes et avenants, elle ne pense aucun bien des gens qui l'entourent. Et puis, un jour, c'est la catastrophe. Son fils va lui annoncer une nouvelle qui l'anéantit.
Ce roman divisé en cinq parties donne la parole à quatre personnages (Anita entame et clôt le récit) qui nous livrent leur point de vue. Geneviève Damas adapte son écriture au style de chacun. On a l'impression de les entendre parler.
Elle oppose l'être et le paraître. Tel qui semble pitoyable, bon, charitable, a pourtant commis un acte inqualifiable. Tel autre, qui paraît être une crapule, a malgré tout bon coeur et tente de s'intégrer dans une société qui ne veut pas de lui.
Petit à petit, des liens insoupçonnés se découvrent et lient entre eux des personnages qui, à première vue, n'ont rien en commun.
L'auteur réussit à nous faire éprouver de l'empathie pour des personnages qui semblent tout d'abord nous tenir à distance. L'écriture correspond au langage de chacun. Anita parle comme une grande bourgeoise pleine d'a priori et de préjugés. Elle est crispante. On a envie de la gifler. Pourtant, au fil de la lecture, on découvre ses failles. On change d'avis.
Le langage de Noureddine est celui d'un enfant de banlieue, à des années-lumière de l'expression distinguée et pincée d'Anita. Comment se fait-il que leurs routes puissent se croiser ? Comment Anita peut-elle s'intéresser à un enfant aussi brutal, rebelle, mal élevé ?
Nathalie est-elle cette grosse vache sans charme, telle que la voit sa voisine, ou cette femme sensible, touchante et attirante, selon le point de vue de Simon ?
Et Simon lui-même, est-il le pion surnommé « gueule de freak » par les élèves, parce qu'un accident l'a défiguré, et qu'on a vraisemblablement engagé pour terroriser de jeunes voyous qui n'ont pas peur de grand chose ? Ou bien est-il cet homme brisé par un accident qui lui a volé la vie dont il rêvait ? le fils attentionné, terrassé par la mort de sa mère ? L'amoureux éconduit au coeur à vif ?
J'ai beaucoup aimé ce roman qui engage à la réflexion et suscite pas mal de questions.
Commenter  J’apprécie          10







{* *}