Si une femme aime son chien plus que sa fille, et trouve qu'elle est en droit de se demander, "ce qu'elle nous voulait", face aux attitudes négatives de cette dernière, c'est qu'il y a problème grave ( " j'aurais préféré être la mère de Wouki que celle de Geraldine", Wouki, c'est le chien ). La femme en question s'appelle Anita. L'Anita n'est pas des plus sympathiques, alors qu'avec son discours un brin mégalo ( "mari nickel,maison nickel,toutou nickel..."), on commence à se demander comment qu'on va la supporter sur près de 200 pages, Geneviève Dumas passe à la vitesse supérieure........et nous lance sur Noureddine, un gars "ouf" (qui est-ce ? pas ce que vous croyez ) et l'histoire bascule, le ton change de 360'......et puis sur Nathalie, la voisine d'Anita, frappée par la foudre "Delphine", le ton rechange......et enfin sur Simon, le beau frère. Un roman choral à quatre voix, la rencontre improbable de quatre personnes le temps d'une journée.
Une belle réflexion sur la Vie, ce qu'on croit vivre et ce qu'on vit en réalité, les "piteux malentendus entre les êtres, des histoires que l'ont croyait commune et qui ne sont partagées par personne", nos préjugés qui nous bloquent sur la voie du bonheur, être emprisonné dans le regard des autres et ses conséquences,....au lieu de retrouver son propre chemin, ses propres désirs, s'en s'inquiéter de ce qu'on pense et de ce qui pourrait arriver.....pour trouver le bonheur, notre bonheur.
Le bonheur c'est aussi lire ce petit livre , une magnifique leçon de tendresse et d'amour envers toutes les personnes qui n'entrent pas dans "les normes standards" de la société.
"Peut-être que, la vie, ce n'est rien d'autre que ça, écumer le monde en tout sens en cherchant désespérément le panneau qui vous indique la route pour chez soi......"
"Mais parfois c'est bien dans la vie, de ne pas savoir vers où on va."
Commenter  J’apprécie         7214
6 ETOILES, 10 ETOILES ! Un livre à emporter sur mon île, tout de suite !
J'ai plein d'étoiles dans les yeux, et pourtant j'ai terminé ce livre avec plein de larmes.
Des larmes de joie, de compassion, d'acquiescement.
Oui, oui, oui, j'acquiesce à tout ce que peut raconter Geneviève Damas, cette femme tellement humaine qu'il lui est impossible de raconter « du faux ».
Ceci n'est pas du tout un roman « feel good », c'est totalement à l'opposé de ces livres donneurs de leçons, quiconque me connait un peu le sait, que je déteste ça !
Ici, c'est du doux, du terrible, du pitoyable, de l'attendrissant, du velours, de la soie, de la richesse, de la misère, des gueules cassées, des coeurs morts, de la révolte, des mains tendues.
Sous couvert de se glisser dans différents personnages, cette auteure nous raconte le bonheur. Elle nous dit que tout le monde le recherche, qu'il arrive au moment où on s'y attend le moins, quand on a touché le fond. Vous allez me rétorquer que ça, vous le savez, que ce sont des beaux mots, et puis c'est tout. Eh bien non, ce n'est pas tout ! On n'est pas « que » heureux, on n'est pas « que » malheureux. Plein de gens (tout le monde, en fait) cachent une vie à l'intérieur d'eux-mêmes, et les apparences sont souvent (toujours) trompeuses.
Me voilà avec mes clichés, mais excusez-moi, je ne suis pas Geneviève Damas. Elle seule est capable de nous faire comprendre toute l'humanité du monde.
Me voilà avec mes grands mots, je suis désolée, je ne suis pas Geneviève Damas. Elle seule est capable de toucher le coeur du bonheur, le coeur du malheur, avec des mots de la vie de tous les jours, des phrases simples, des pensées quotidiennes. Encore faut-il les penser ...
Un tout petit mot de l'histoire, de l' « Histoire d'un bonheur » : Lyon est une ville qui brasse une population hétéroclite, et les bourgeois, dont fait partie Anita, ne côtoient jamais cette « petite racaille des banlieues », à laquelle appartient Noureddine.
Anita a une famille, un mari qu'elle ne voit jamais, un fils qu'elle croyait connaitre, une fille qu'elle ne comprend pas, un tout petit chien. Et surtout un beau-frère cabossé qu'elle seule devine.
Noureddine a une famille aussi, bien cabossée. Et pourtant, la rencontre a lieu, et pas doucement. La voisine Nathalie s'en mêle, par la force des choses, elle qui aussi a connu et qui connait encore des « histoires » dans sa vie.
A eux 4, à tour de rôle, ils racontent, ils se racontent, et ils racontent les autres.
Je suis passée du rire aux larmes, tout entière immiscée dans le point de vue de chacun, reproduit avec tellement de brio, tellement de justesse, tellement d'empathie, tellement d'humanité par Geneviève Damas.
Mais il vaut mieux que je me taise, j'aurais trop peur de dénaturer l'Histoire d'un bonheur, l'histoire de ce bonheur que l'être humain aimerait tellement se raconter.
Commenter  J’apprécie         5015
Ah le bonheur, où te caches-tu donc petit bonheur ?
Et toi satané malheur, que viens-tu faire là-bas alors que personne ne t'a demandé?
Histoire d'un bonheur que tout le monde cherche mais ici, c'est Anita, Noureddine, Nathalie et Simon qui le cherchent ce petit bonheur de rien du tout.
Anita, elle a tout pour être heureuse sauf que dans sa tête, tout ne tourne pas rond. Elle a besoin de petites pilules pour voir le monde en couleurs. Quand elle oublie ses pilules cache-misère, elle s'écroule, la vie se pare en noir et blanc. Petites grisailles dans le brouillard. Mais c'est aussi tout un petit monde qui va sortir de sa torpeur pour elle, Anita. Et tracer une route en direction des couleurs.
Nourredine, c'est l'ado rebelle, celui qui a grandi avant l'heure et ne parvient pas à monter de classe jusqu'au jour où il rencontre Anita, alias Mamita, préposée à l'école de devoirs. Parfois, il faut bien bousculer les adultes pour que l'adolescent existe, sinon il en verrait des trains passer sur son banc à attendre.
Nathalie, la voisine manque de bol, trompée par son mari, sa vie ne tient qu'à un fil. Mais c'est sans compter l'arrivée-soleil de Simon, le beau frère d'Anita qui va la voir Nathalie, qui va se plonger dans ses grands yeux verts. Précieux lui répondra Nathalie, « ce soir, votre message est précieux ».
Tout un tout petit monde pour réarranger la vie, pour décrocher le soleil de sa pénombre, pour décoder la vie et lui rajouter un peu de sel, un peu de sucre, c'est juste l'Histoire d'un bonheur.
Commenter  J’apprécie         424
Ensemble nous regardons les informations télévisées. Je n’aime pas la coiffure de Claire Chazal. Il y a quelque chose d’infiniment triste dans ce carré qu’on lui voit depuis presque deux décennies. Je remarque pour la première fois sur son front une ride que je n’avais jamais aperçue. Il me semble qu’elle est très fatiguée ce soir, défaite, comme moi, comme nous toutes, qui, après avoir porté le monde à bout de bras, nous voyons, un jour, décocher la fatale estocade, la vie qui nous revient en pleine face comme un boomerang, cette vie sans mémoire et sans gratitude, et, tout à coup, je pense à lady Diana, si jeune et si innocente, à Jackie Kennedy, qui a tant souffert, à mère Teresa que nous ne reverrons plus et je sens une larme rouler sur ma joue. C’est à ce moment qu’André se tourne vers moi et dit :
« C’est insensé ce qui se passe au Pakistan pour l’instant, tu ne trouves pas ? »
Souvent, je pense qu'il n'y a pas d'autre issue dans la vie que de crever comme un rat qui a tout perdu, mais parfois je me dis que c'est encore possible - certains jours quand il fait soleil, ou que quelqu'un croise mon regard et me sourit ou comme aujourd'hui quand le dirlo me serre la main (...)
..., peut-être est-ce cela l'histoire de l'humanité, de piteux malentendus entre les êtres, des histoires que l'on croyait communes et qui ne sont partagées par personnes, va savoir ?-'
C'est pourquoi aujourd'hui il faut dire non, lutter contre cette morosité ambiante, ce gris qui s'insinue partout autour de nous - sauf dans ma cuisine où c'est ravissant. Oui, il est possible de vivre heureuse, contente et épanouie et de le faire savoir. Oui, il est essentiel de rester positif et de s'attacher à la beauté qui nous entoure comme autant de bulles de bonheur.
Même ça commence à bien m'exciter, cette histoire, parce que j'en viens à penser que moi aussi, avec un peu de chance, je pourrais devenir quelqu'un si je le veux, y a pas que les autres que moi qui ont un avenir. Napoléon, au départ, c'était un rien du tout, un immigré qui ne parlait pas le français, pas un Arabe quand même, mais un étranger qu'on ne regardait même pas.
Coups de midi des Riches Claires : Genevieve Damas. Rencontre littéraire animée Jacques De Decker avec