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Critique de DoubleMarge


"La première surprise avec ce roman, c'est de se retrouver en Albanie à la fin des années 1970, alors que la dictature d'Enver Hodja tabasse les uns et assure aux autres des lendemains qui chantent. La deuxième surprise, c'est d'être avec des gosses, des gamins de dix ans du même quartier qui font des bêtises ensemble, des bêtises qui laissent deviner les hommes qu'ils seront plus tard, des gamins qui nouent des relations fortes même si certains se détestent. le roman raconte ce qu'ils deviennent, des adolescents puis des hommes (peu de filles dans ce roman, à part la magnifique Rina dont on espère qu'elle va réussir à être heureuse), alors que l'univers radieux se déchire et que le socialisme prolétarien s'efface devant le libéralisme de la grande truanderie.
Ce que ces garçons sont devenus plus tard, on le comprend peu à peu à travers le récit principal mais aussi avec le récit alterné qui se passe en 2017, lorsque l'un d'eux revient au pays avec des intentions clairement inamicales. (...)
L'écriture de Danquigny est précise, évocatrice, les personnages attachants ou effrayants, les descriptions montrent un pays magnifique, des traditions fortes, des ambiances chaleureuses, avec le poids de la tradition, de la famille, mais aussi des scènes dures qui reflètent la tension que fait régner la dictature. (...)
Dans ce récit très maîtrisé où on passe des années 1980 aux années 1990, où on voit comment le régime se dégrade et comment les principes du capitalisme sauvage sont vite assimilés par des gens dont la moralité n'est pas encombrée par les scrupules, où l'insertion des scènes du retour en 2017 renforce l'intérêt et la curiosité, il faut accorder une mention spéciale à la fin. L'auteur nous laisse sur une ellipse magnifique même si elle plombe davantage ce roman bien noir, une ellipse dont on se demande si on l'a bien comprise, même après avoir relu plusieurs fois les dernières pages pour être sûr de n'avoir rien laissé passer, pour vérifier qu'il ne nous en a pas dit davantage au détour d'une introspection, d'un dialogue sibyllin, d'une échappée lyrique.
Et certes, on croit avoir compris car on croit être malin nous aussi, mais même si on s'est trompé, cette ellipse finale est très élégante.
Un très bon roman noir, assurément."
François Muratet pour le magazine Double Marge (Extrait)
Lien : https://revuelitteraire.fr/l..
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