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Critique de Luniver


Jean Froissard, avatar de Darien lui-même, devance l'appel et s'engage volontairement dans l'armée pour cinq ans. Ce choix se révèle vite mauvais : incapable de s'adapter au formatage de la personnalité qu'on lui impose, il ne prend pas au sérieux les tâches absurdes qu'on lui fait faire. Il conserve toujours un reste de liberté qui le pousse à prendre la discipline par dessus la jambe et à s'attirer les foudres de ses supérieurs. Les punitions s'accumulent et se transforment en une condamnation dans les Compagnies de discipline en Tunisie pour le reste de son engagement, soit trois ans.

Dans ce bagne, tout est bon pour corriger ces mauvais éléments : leur comportement est pris comme excuse pour infliger les punitions les plus sévères. Punitions qui provoqueront un jour ou l'autre un mouvement de révolte chez les prisonniers, aussitôt utilisé comme prétexte pour renforcer la cruauté du traitement : torture digne du moyen-âge, prison avec juste assez de nourriture et d'eau pour survivre (et encore, pas toujours), travail harassant qui mène à la mort les plus affaiblis.

Froissard ne tient le compte que grâce à la haine qui l'habite. Haine envers les supérieurs qui n'ont de compte à rendre à personne et qui profitent largement de leur supériorité, haine envers les gardiens qui ont conscience de l'ignominie du bagne mais qui obéissent aux ordres sans broncher, haine envers les citoyens en France qui ferment pudiquement les yeux sur ce qui se passe dans les bagnes au nom de la sécurité.

Darien ne cherche pourtant à provoquer ni la pitié ni les larmes : ce qu'on retient de son texte, c'est le besoin de liberté et la rage de voir des hommes traités si cruellement pour des fautes si maigres. Cinquante ans après ce récit, la France a fait fermer ses bagnes, mais les Biribi doivent toujours pulluler à la surface du globe.
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