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Citations sur Biribi (27)

L'homme libre sur la terre libre, ce n'était qu'un rêve qu'il avait fait, lui, le réaliste par excellence, un rêve sublime qui ne se réaliserait jamais ...
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Ah ! pauvre petit soldat, toi qui es mort en appelant ta mère, toi qui, dans ton délire, avais en ton oeil terne la vision de ta chaumière, tu vas dormir là, rongé, à vingt-trois ans, par les vers de cette terre sur laquelle tu as tant pâti, sur laquelle tu es mort, seul, abandonné de tous, sans personne pour calmer tes ultimes angoisses, sans d'autre main pour te fermer les yeux que la main brutale d'un infirmier qui t'engueulait, la nuit, quand tes cris désespérés venaient troubler son sommeil. Ah ! je sais bien, moi, pourquoi ta maladie est devenue incurable. Je sais bien, mieux que le médecin qui a disséqué ton corps amaigri, pourquoi tu es couché dans la tombe. Et je te plains, va, pauvre victime, de tout mon coeur, comme je plains ta mère qui t'attend peut-être en comptant les jours, et qui va recevoir, sec et lugubre, un procès-verbal de décès...

Eh bien ! non, je ne te plains pas, toi, cadavre ! Eh bien ! non, je ne te plains pas, toi, la mère ! Je ne vous plains pas, entendez-vous ? pas plus que je ne plains les fils que tuent les buveurs de sang, pas plus que je ne plains les mères qui pleurent ceux qu'elles ont envoyés à la mort.

Ah ! vieilles folles de femmes qui enfantez dans la douleur pour livrer le fruit de vos entrailles au Minotaure qui les mange, vous ne savez donc pas que les louves se font massacrer plutôt que d'abandonner leurs louveteaux et qu'il y a des bêtes qui crèvent, quand on leur enlève leurs petits ? Vous ne comprenez donc pas qu'il vaudrait mieux déchirer vos fils de vos propres mains, si vous n'avez pas eu le bonheur d'être stériles, que de les élever jusqu'à vingt et un ans pour les jeter dans les griffes de ceux qui veulent en faire de la chair à canon ? Vous n'avez donc plus d'ongles au bout des doigts pour défendre vos enfants ?
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Les anciens entament le Chant des camisards, un chant monotone et plaintif dont j'entendrai bien des fois encore retenir des couplets ; un chant noirci par la résignation du paria et plaqué de rouge par l'ironie du galérien qui rêve de briser sa chaîne :

Savez-vous ce qu'il faut faire
En ce lieu ?
Il faut tout voir et se taire,
Nom de Dieu !...
Nos Chaouchs, qui sont des vaches,
Nous emmerdent, nous attachent,
Mais sur leur gourite on crache
Quand on peut.

Et tous en cœur, ils se mettent à chanter le refrain :

Répétons à l'envi
Ce refrain sans souci :
Vivent l'amour et le vin,
La danse, les joyeux festins !
Oui, tout cela reviendra,
Oui tout cela reviendra,
Quand le diable le voudra !
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- Nous sommes réunis, vous le savez, pour décider de votre envoi aux Compagnies de discipline. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Deux choses : 1° Que ma conduite n'a pas été mauvaise depuis mon entrée au service ; elle n'a commencé à l'être que du jour où les taquineries et les vexations de toute nature m'ayant poussé à bout, je suis devenu une de ces têtes de Turc sur lesquelles frappe à tour de bras l'aveugle cohue des galonnés ; que, d'ailleurs, dans l'armée, quand un homme a commencé à mettre le pied dans le bourbier des punitions, on n'essaye pas de le retirer, on l'enfonce. 2° Que, si j'ai commis des fautes - et, je le fais remarquer en passant, toutes fautes contre la discipline - je les ai expiées et que je ne crois pas qu'on puisse, raisonnablement, châtier deux fois, pour le même délit, un individu, si malintentionné qu'il soit. Que, par conséquent, j'ai beaucoup de peine à comprendre pourquoi l'on veut, aujourd'hui, m'infliger une peine énorme précisément parce que j'en ai déjà subi un nombre considérable.
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L'armée incarne la nation ! Elle la diminue. Elle incarne la force brutale et aveugle, la force au service de celui qui sait lui plaire et - c'est triste à dire, mais c'est vrai - de celui qui peut la payer.

«Cela s'est fait, mais ne se fera plus.» Si, la blessure ne se guérira point. La gangrène y est. L'armée, c'est le réceptacle de toutes les mauvaises passions, la sentine de tous les vices. Tout le monde vole, là-dedans, depuis le caporal d'ordinaire, depuis l'homme de corvée qui tient une anse du panier, jusqu'à l'intendant général, jusqu'au ministre. Ce qui se nomme gratte et rabiau en bas s'appelle en haut boni et pot-de-vin.

Tout le monde s'y déteste, tout le monde s'y envie, tout le monde s'y torture, tout le monde s'y espionne, tout le monde s'y dénonce. Cela, au nom de soi-disant principes de discipline dégradante, de hiérarchie inutile. Avoir un grade, c'est avoir le droit de punir. Punir toujours, punir pour tout. De peines corporelles, naturellement ; celles-là seules sont en vigueur... Ah ! c'est triste qu'un bout de galon permette à un homme de mettre en prison son ennemi - ou de faire fusiller son camarade.
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Ah oui des brutes et des canailles, ces sous-officiers et ces caporaux aussi dénués de cœur que d’intelligence, ces hommes qui demandent à aller exercer contre ceux qu’ils devraient considérer comme leurs frères, des soldats comme eux, le métier de garde-chiourme.

Quelle vie ignoble et vile ils mènent ! Comme ils devraient trouver triste leur existence s’ils savaient s’en rendre compte ! Haïs, méprisés, se jugeant peut-être méprisables, ils font ce qu’ils peuvent pour se venger de ce dédain et de ce dégoût qu’ils sentent peser sur eux. Rien ne leur coûte pour cela. Ils ne reculent ni devant les brutalités ni devant les mensonges ni devant les provocations ni devant la calomnie.
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Il y a encore une autre chose qui achève de me mettre mal dans les papiers de mes chefs. J'astique d'une façon déplorable ; et, malheureusement, on est assez porté, dans l'armée, à juger de l'intelligence d'un homme d'après le degré de luisant et de poli qu'il est capable de donner à un bout de fer ou à un morceau de cuir.
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Et il entre dans de longs détails pour finir par me déclarer qu'à Paris, toutes les personnes que je connais me tourneront le dos...
Ça me permettra de leur flanquer plus facilement mon pied quelque part, si elles ne sont pas polies.
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Ce livre est un livre vrai. Biribi a été vécu.
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"Le régiment est une grande famille dont le père est le colonel et dont la mère est la France. Quels que soient les ordres qu'on te donne, ne les examine pas, ne les critique jamais ; exécute-les les yeux fermés..."
Ça ne doit pas toujours être commode.
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