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Critique de YvPol


Les éditions In8 ont une collection nommée Polaroïd dirigée par Marc Villard, auteur bien connu de polars (il est l'un de ceux que j'ai le plus lus et référencés sur le blog, allez voir à la lettre V), qui édite de courts romans percutants écrits par de grands noms de la littérature policière (Marc Villard himself, JB Pouy, Pascal Garnier, Marcus Malte, ..., et d'autres moins connus, certains débutent même, ce qui est le cas de Anne-Céline Dartevel qui après quelques nouvelles dans des recueils avec plusieurs auteurs, signe là son premier livre en solo. Eh bien, je dois dire que ce roman est très prometteur. Il est même excellent. AC Dartevel décrit le monde des petites gens, de ceux qu'on ne voit pas beaucoup dans les livres et les fictions en général, un peu dans les films dits sociaux, mais elle serait plus proche des films de B. Delépine et G. Kervern ou des Deschiens que des frères Dardenne ; son personnage pourrait être l'un des intervenants des sketches de Groland tant sa vie est ennuyeuse. JC Antonave est une caricature, un beauf à la fois risible et attachant. Il vit toujours avec sa mère à plus de cinquante ans, roule en Renault Fuego achetée en 1982, ne se permet aucune fantaisie, sauf vestimentaire et encore c'est sa mère qui se les permet pour lui. Il est touchant et dans le même temps on a envie de le secouer, de le pousser dans ses retranchements pour l'obliger à vivre enfin.

Sans goût, sans odeur, sans saveur, il n'est pas un personnage de fiction rêvé et pourtant l'auteure réussit à en faire le (anti)-héros de son roman très ancré dans la réalité : rachat d'entreprise, délocalisation : "Depuis quelque temps, l'euphorie qui avait accompagné le rachat de la boîte par les Américains n'était plus de mise. Ça sentait les mauvais lendemains de fête, on avait un peu la gueule de bois. Les commandes s'essoufflaient et le chiffre d'affaires était en deçà de ce que tout actionnaire moyen eut été en droit d'espérer. Et une profitabilité en berne, ça, aux Américains, ça ne leur disait rien qui vaille." (p.18/19), chômage, déprime, ... le cercle vicieux malheureusement connu qu'on ne souhaite à personne sauf peut-être à ces fameux actionnaires qui ne pensent qu'à leurs bénéfices et jamais aux personnes qu'elles poussent dans la misère.

Récit très bien mené, et comme c'est une collection noire eh bien c'est un roman noir, il y aura donc rebondissement et surprise... franchement surprenante, mais je vous la laisse découvrir. Une belle maîtrise de la montée du suspense et du désir grâce à une écriture fluide, parfois crue mais pas vulgaire, dans les dialogues notamment.

Être éditée par Marc Villard pour quelqu'un qui peint la réalité des petites gens est une filiation normale tant cet auteur est fort dans ce domaine. Anne-Céline Dartevel est une plume à suivre assurément.
Lien : http://lyvres.fr
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