"Elle se mit à pleurer puis elle tira la langue à Fat Lovey.
- Pourquoi t'es toute noire ?
Et sanglotant, criant :
- Pourquoi tu m'as faite toute noire ?"
Le rejet de soi est horrible. Ce passage m'a marqué car, quand j'étais plus petite (j'ai 13 ans), je ma haïssait d'être rejetée parce que j'étais métisse.
Vous voyez, vous êtes tous des adultes maintenant et sûrement vous pouvez mieux comprendre ce qui s’est passé quand vous étiez petits. J’ai fait des choses dans ma vie que j’aimerais pas avoir faites et d’autres choses que je ferais pas autrement même si je pouvais. Peut-être pas beaucoup, mais y en a. Bon, vous êtes tous mes fils, et c’est pas bien qu’un père raconte à ses fils les fautes qu’il a commises, alors je vais pas commencer sur ce sujet. Je veux juste vous dire que je suis pas fier de ces fautes, non, pas du tout.
Dans le doute sur le ton avec lequel il convenait de lui parler, ils avaient opté pour une attitude moralisatrice, où perçait néanmoins une certaine bienveillance. Bonani resta tendu tout le temps qu’ils le sermonnèrent, mal à l’aise comme quelqu’un dont l’intimité était en train d’être disséquée par des inconnus plutôt que comme un père dont les enfants franchissaient les bornes de la piété filiale.
On sait que de tout temps, en tous pays, les histoires de famille, véritable colonne vertébrale de la littérature, ont formé le socle de la plupart des contes et des romans, d’innombrables comédies et tragédies. Encore faut-il savoir fabriquer une histoire à partir de telles histoires.