Citations sur Comment vivre ? (21)
Montaigne déverse son matériau, et ne s'inquiète jamais de dire une chose sur une page et le contraire au verso, voire dans la phrase suivante.
Il aurait pu trouver sa devise dans ces vers de Walt Whitman :
"Je me contredis
Et bien soit... je me contredis
Je suis vaste... j'ai en moi multitudes."
Le XXIe siècle est plein de gens imbus d'eux-mêmes. Plongez une demi-heure dans l'océan virtuel des blogs, des tweets, des (you)tubes, des (my) spaces, des face(book), des pages et des pods, et vous verrez surgir des milliers d'individus fascinés par leurs propres personnes et essayant d'attirer l'attention à grands cris. Ils s'épanchent ; ils se "livrent", ils tchattent et mettent en ligne les photos de tout ce qu'ils font. Extrovertis dénués de toute inhibition, ils se regardent le nombril comme jamais ils ne l'ont fait. Lors même qu'ils sondent leur expérience privée, bloggers et networkers communiquent avec leurs semblables dans un festival communautaire du moi.
La religion, écrit Montaigne, doit nous venir de Dieu au moyen d'une "extraordinaire infusion", non pas par nos propres efforts. Dieu nous fournit le sachet de thé ; nous apportons l'eau et la tasse. Et si nous ne recevons pas l'infusion directement, il suffit de se fier à l'église, qui est une sorte de samovar de masse autorisé, plein d'une foi pré-brassée.
Comme l'écrivit Blaise Pascal, un de ses premiers lecteurs les plus obsessionnels : "Ce n'est pas dans Montaigne mais dans moi que je trouve tout ce que j'y vois."
(Montaigne) aimait la façon dont Plutarque assembla son ouvrage en le truffant de brassées d'images, de conversations, de personnes, d'animaux et d'objets en tout genres, plutôt qu'en arrageant froidement abstractions et arguments. Son écriture est pleine de "petites choses", fait observer Montaigne. Si Plutarque veut nous dire que le secret pour vivre bien est de tirer le meilleur parti de toute situation, il le fait en nous narrant l'histoire d'un homme qui lança un caillou sur son chien, le manqua, frappa sa belle-mère et s'écria "Pas si mal, après tout !".
Quoi qu'il advienne, si imprévu que ce soit, vous devez être capable d'apporter une réponse qui convienne. C'est pourquoi, pour Montagine, apprendre à "vivre à propos" est "le glorieux chef-d'oeuvre de l'homme".
Lisez pour vivre
Apprendre devait être un plaisir et, grandissant, les enfants devaient imaginer à la sagesse un visage souriant, non pas rébarbatif et terrifiant.
L’histoire l’a maintes fois suggéré : rien ne détruit plus efficacement les protections juridiques traditionnelles que l’allégation qu’un crime est singulièrement dangereux et que les hommes qui se cachent derrière ont des pouvoirs exceptionnels.
Si les guerres s’alimentèrent la ferveur religieuse, les souffrances qu’elles produisirent nourrirent à leur tour l’imaginaire apocalyptique. Catholiques et protestants se dirent que les événements approchaient d’un point de vue duquel il ne pouvait plus y avoir d’histoire normale, car il ne restait en tout et pour tout que l’affrontement final de Dieu et du Diable. C’est bien pourquoi les catholiques célébrèrent si joyeusement les massacres de la Saint – Barthélémy, y voyant une authentique victoire sur le mal et une façon de ramener une multitude d’égarés à la vraie Église avant qu’il ne fût trop tard pour sauver leur âme.
Le scepticisme dogmatique ordinaire affirme l’impossibilité de savoir, que résume le mot de Socrate : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Le scepticisme pyrrhonien part de là, mais ajoute ensuite, au fond, « et je n’en suis même pas sûr ».