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Critique de jamiK


jamiK
26 décembre 2018
J'avais été habitué dans mes lecture de l'oeuvre de David B. à quelque chose qui se rapproche plus du conte. Ce roman graphique est en fait une autobiographie où ressort en particulier la présence de ce frère épileptique, d'où le titre « le Haut Mal ».
On découvre ici l'origine de son goût pour les scènes de batailles chevaleresques, l'histoire héroïque, à travers son enfance, avec toutes ses dérives d'alors, fascination de la guerre, de l'héroïsme, de la force et de la puissance (Michel Strogoff, Gengis Khan, et jusqu'à Hitler...). Et on suit son évolution à travers ses questionnements, la première guerre mondiale avec son grand-père maternel, la seconde guerre avec l'autre grand-père, la guerre d'Algérie, le racisme, et puis d'un autre côté, la maladie de son grand frère, les charlatans qui essaie de profiter de la crédulité de ses parents... David se détache peu à peu des préoccupations des adultes, jusqu'à se construire une armure, au sens propre comme au figuré.
David se construit sa propre défense dans ce monde fantastique et sombre. Une défense faite de dessins, de héros dessinés, de guerriers, mais les squelettes, fantômes et dragons envahissent les les pages, en noir et blanc. le graphisme est superbe, expressif, fantastique et sobre à la fois, le trait est épais, tout en noir et blanc, sans nuances, les contrastes agressifs, David B. joue avec les échelles, les éléments de décoration, à la manière des illustrations médiévales, comme de lugubres enluminures.
Les sujets graves sont abordé comme il a pu les concevoir dans son enfance, avec un détachement naïf, parfois maladroit et c'est de là que naît la grandeur de cette oeuvre, impressionnante, tragique. J'ai adoré le décalage entre l'illustration fantastique et le texte plus prosaïque, j'ai adoré ce voyage initiatique raconté avec les yeux de l'enfant qui rêve de héros, ce jeu de contraste entre le monde idéalisé et le monde réel.
Il évoque ses découvertes littéraires et son oeuvre toute entière prend ici un sens, un sens de révolte, de colère. On quitte peu à peu le monde de l'enfance, ce n'est pas qu'un témoignage autobiographique, c'est aussi une oeuvre initiatique qui est d'autant plus forte qu'elle est vraie.
La notion de “mondes fantastiques” des littératures de l'imaginaire prend alors une nouvelle dimension, après ça, je n'ouvrirai plus un livre de fantastique de la même manière.
“L'ascension du haut mal” porte bien son nom, tout va crescendo, grandiose, impressionnant, comme une danse macabre trop lourde à digérer pour un enfant de 12 ans. L'histoire est malheureusement si réelle que l'impact en est encore plus fort et dépasse le stade du simple témoignage pour parvenir à une force d'universalité d'une confrontation à la maladie, à la folie. C'est une oeuvre majestueuse et ô combien douloureuse, j'ai tremblé, j'ai pleuré, c'est un choc, c'est du lourd, jusqu'à la limite du supportable. L'ascension du Haut mal est de ces rares créations qui changent notre perception à jamais.
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