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Critique de pgaia


« L'Amérique a déversé toute sa merde au nord et le Canada au Sud » : voilà comment est née Niagara Falls, alias « Cataract City ». Loin du décor de carte postale vanté par les guides touristiques, le lecteur est entrainé dans les bas-fonds de cette petite ville ouvrière minable, où les trafics et les vies poisseuses s'entrecroisent. Un paysage dominé par la biscuiterie – la Bisk – le principal employeur local, qui imprègne l'air d'une perpétuelle odeur de beurre et les cheveux d'une couche de farine en béton armé. Après le très remarqué de rouille et d'os, adapté au cinéma en 2012 par Jacques Audiard, Craig Davidson nous emmène sur les traces d'Owen «Dutch » Stuckey, ex-espoir du basket devenu flic après une blessure, et de Duncan Diggs, un boxeur sorti de prison après avoir tué un homme. Cataract City, c'est l'histoire de leur vie, de 12 à 35 ans. de leur amitié, de leurs routes qui se séparent avant de se rapprocher avec, autour d'eux, les imprégnant, les manipulant, ce troisième personnage : la ville. Il est question de catch, de course de lévriers et de combats de pitbulls, de contrebande de cigarettes et de boxe à main nue.


Si vous aimez les romans dans lesquels les personnages ont l'air plus vrai que nature, Cataract City est fait pour vous. L'écriture, extrêmement visuelle, cinématographique, nous faits entrer dans un monde où l'étalage des corps, les os fracturés, les plaies sanguinolentes et les cicatrices sont la norme. Il y a du Jack LaMotta à la Scorsese entre les mots et les coups. On a le goût rouillé du sang dans la bouche, on sent la sueur, les décharges d'adrénaline, la souffrance sous les poings. C'est un monde bourré de testostérone, un roman de mecs virils, abîmés par les bagarres et usés par la vie. Mais la violence n'est jamais gratuite et si Davidson nous parle de précarité et de truande, Cataract City est aussi rempli de beauté et d'espoir, car « si l'on tient le coup à Cataract City, on sort de l'épreuve endurci. Mais parfois les gens sont plus beaux, je pense, s'ils ont été brisés ». Ce n'est donc pas par hasard que le roman a été finaliste au prestigieux prix Giller : c'est un véritable uppercut, au sens propre comme au figuré.
Lien : http://critiquesdelivres.ove..
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