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Critique de florigny


A Clinton dans les années 50, la vie est conforme aux standards de la middle class américaine de l'époque. Les hommes abandonnent tôt le matin dans une paisible et heureuse banlieue épouse et enfants pour aller bosser à la ville, les femmes entretiennent le foyer, leur vie rythmée par la vie scolaire de leur progéniture. En attendant l'heure de la sortie de l'école, elles manient l'aspirateur en experte de la poussière, font la lessive, repassent, taillent ou désherbent les forsythias, phlox, marguerites de leurs jardinets et confectionnent de savoureux gâteaux. Les mamans les plus douées en cuisine et pâtisserie vendent leur production dans le voisinage pour améliorer les finances familiales. Lorsque deux jeunes femmes s'installent dans une des quatre maisons en brique de la colline, on espère qu'elles vont rapidement s'intégrer à la communauté, et participer au bal masqué, grand moment annuel, organisé par l'association des parents d'élèves...


Ce n'est pas le cas, car dès les premières pages, Mildred Davis ne fait aucun mystère de l'identité des nouvelles venues. Laura, s'est échappée d'un asile psychiatrique où elle a été internée parce que « son esprit est semblable à la Terre en rotation, une moitié est nuit, l'autre moitié est jour, une moitié dans l'ombre, l'autre dans la lumière ». Miss Urey est l'infirmière rétribuée par le frère de Laura pour veiller sur elle. Pourquoi Laura éprouve-t-elle l'irrépressible besoin de s'en prendre à des fillettes ? le suspense ne porte pas non plus sur ce point car l'auteure, dans un bref prologue, informe le lecteur.


En 1955, année de la première parution de Dark Place, le thriller psychologique, pas davantage que le thriller « domestique » (pour la ménagère de moins de 50 ans ?) n'existent. Les romans noirs sont avant tout des romans d'atmosphère. Or, dans le registre atmosphérique, Mildred Davis excelle. Elle décrit avec minutie les symptômes qui assaillent parfois Laura, - une abeille bourdonne dans son oreille ou des lumières clignotent, elle perd l'odorat -, annonçant une crise qui ne lui laisse aucun souvenir une fois passée. L'auteure fait monter lentement la pression, d'infimes changements se produisent sans que le lecteur puisse en déterminer la nature. Certains menus faits ressemblent à des présages, jusqu'à une tempête de neige et de blizzard historique au cours de laquelle les préalables événements insignifiants s'agglomèrent, enflent et se transforment en drame. En prévision du désastre météorologique, les habitants font des stocks de conserves, de bougies, rentrent du bois, vérifient le niveau de mazout dans les cuves, car les bulletins émis par la radio sont catastrophiques, les avis de tempête s'aggravent d'heure en heure, les routes sont impraticables, le niveau du sol s'élève à mesure que tombe la neige, les congères poussent comme des champignons. Chaque famille est bloquée dans sa grotte comme à l'aube de l'humanité, sans lumière, sans feu, ses membres obligés de se blottir sous des peaux de bêtes en espérant ne pas être découverts par les monstres préhistoriques qui peuplent la nuit. C'est une image utilisée par Mildred Davis, je la trouve en adéquation avec l'ambiance du roman.


Mais quand même, quelle que soit l'époque, il arrive qu'un monstre profite d'une tempête pour chasser une proie.
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