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Critique de Dionysos89


Bien avant de débuter ses Ignorants, Étienne Davodeau militait déjà pour le documentaire en bande dessinée franco-belge et ce roman graphique « Rural » fut le premier de ses retours répétés au genre. Politique, défense du savoir-faire des anonymes et amour du local, tous les ingrédients sont déjà là.

Dès le départ, Étienne Davodeau énonce ses buts et sa problématique directrice. Il cherche non seulement à faire entrer la bande dessinée dans l'ère du documentaire contemporain, mais également à faire parler les petites gens, ceux qui n'apparaissent pas ou peu dans notre monde du tout-représentation. Pour cela, il va s'intéresser, et nous intéresser, à quelques coteaux angevins où vivent des gens comme vous et moi, mais où va bientôt passer l'autoroute Angers – Cholet – La Roche-sur-Yon. Cette infrastructure de transport, considérée comme un projet d'intérêt public, chamboule tout sur son passage, de son ordonnancement à sa conception. C'est cette collision politique, au plus concret des sens, que nous découvrons dans ces pages.
En effet, le phénomène NIMBY (Not In My Back Yard) joue à plein dans cette plongée intimiste et honnête au sein de la campagne angevine. Étienne Davodeau a suivi pendant un an les aléas de trois agriculteurs qui tentent le pari de cultures biologiques, dans une industrie favorisant ceux qui détruisent la terre à grands coups de pesticides, mais également un couple qui retape un vieux bâtiment pour en faire la maison de leurs rêves. Pour les uns comme pour les autres, voir l'autoroute passer dans leurs champs ou leur jardin ruine tout ou une partie de leur avenir. Et c'est en effet à un récit profondément militant auquel nous avons affaire, l'auteur ne s'en cache pas dès son introduction (d'autant que José Bové préface l'ouvrage) et cela n'en est que plus agréable à lire.
Honnête, vrai, immersif, documenté... nous commençons à avoir franchement l'habitude des récits à la Davodeau. Il nous transmet la vie de ses contemporains, de préférence ceux qui ont le moins la parole dans notre société politique. Par des visions calmes de paysages apaisants, par les odeurs de la ferme, mais aussi l'âpreté du travail avec les vaches et les récoltes tout comme celui des travaux constants, tout cela participe à rendre cette chronique concrète et attrayante. Impossible, finalement, de ne pas garder en tête Pipo, le chien nouvellement arrivé à la ferme, comme la mascotte rigolote et touchante de cet ouvrage honnête et vivant.

Bien sûr, beaucoup trouveront l'ensemble trop simpliste, en accord avec ce dessin noir et blanc tout en finesse et en humour, mais c'est pourtant là que réside l'attrait de ce petit roman graphique : respect et simplicité à tous les étages.

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