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Critique de Montecristof


Aaah les trente glorieuses ! Aaah tout ce que j'étais trop jeune pour analyser !...
En 50 je n'étais rien, même pas né d'ailleurs. J'ai poussé mes premiers vagissements quand l'Algérie a commencé à voir débarquer des militaires français pas très avenants, quelques années plus tard donc..
Pourtant il s'en passait des trucs, déjà, en 50 !
Brest, qui avait morflé grave cinq ans plus tôt quand les "anglos" nous ont aidés à mettre dehors les "saxons", Brest était en pleine reconstruction.

Mais la belle entente du CNR était déjà de l'histoire ancienne, et localement le patronat freinait des 4 fers pour mieux payer les gars qui trimaient sur cet immense chantier. du coup bien sûr, longue grève, et manif de l'union des femmes pour obtenir des bons de lait.
Répression de cette manif.
Contre-manif communiste le lendemain avec séquestration d'un clampin de la chambre patronale locale, heureusement remis en liberté grâce à l'intervention du député communiste.
Et malgré cette intervention, le lendemain, arrestation de deux responsables politiques CGT brestois.
Du coup, la Cégète fomente une méga-manif de protestation, dépose bien-sûr le projet en mairie dans les temps, et obtient l'accord municipal . Sauf que le commissariat se débrouille pour que cet accord soit antidaté, de façon à pouvoir faire interdire la dite manif, et donc la réprimer manu militari...

Voilà, la mèche a été un peu longue à allumer mais elle brûle bien, désormais. Reste plus qu'à laisser monter la pression et l'histoire va pouvoir accoucher d'un petit drame, un grain de poussière.
Pas si petit d'ailleurs, ce grain de poussière, pour celui et ceux qui en feront les frais. Je veux dire pour celui qui va mourir, pour celui qui sera amputé ou ceux qui seront blessés, et pour leurs familles....
Un grain de poussière facile à balayer vite-fait sous le tapis...

Sauf que Davodeau et Kris sont des experts pour traquer la poussière d'histoire. Ils font ici un beau boulot pour honorer la mémoire d'Edouard Mazé, le manifestant communiste qui prit en pleine tête une balle réelle tirée par la police et mourut sur le coup.
Pour celle d'un autre militant, Pierre Cauzien, qui prit lui aussi une balle et dut se faire amputer d'une jambe quelques jours plus tard.
Pour honorer aussi la mémoire du cinéaste journaliste brestois René Vautier.
Vautier, décidé et dégourdi, réalisa un reportage percutant sur ce conflit et le diffusa localement, avec pour commentaire enregistré, ou lu, un texte de Paul Eluard écrit en hommage à Gabriel Péri mais qui colle parfaitement à ce drame révoltant.
Un texte qui d'ailleurs s'intitule "Un homme est mort".

Un texte qui envoie du bois, braves gens !

Qui envoie, même quand c'est un copain militant de Vautier qui essaie de le réciter à cause d'une panne de sono, mais finit par le dire avec ses mots à lui . Grosse émotion, là aussi...

Vraiment, avec ce docu militant, Kris et Davodeau font la paire et du bon boulot, si j'ose ce zeugma.

Il font du bon boulot, et donc je dis bravo.


(Cerise sur le gâteau, j'ai appris que Vautier signa d'ailleurs aussi le célèbre "Avoir 20 ans dans les Aurès". Je ne le savais même pas, ou je l'avais oublié, et pourtant ce film m'avait rudement secoué quand je l'avais vu, quelques années après sa sortie...)
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