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Critique de Sharon


L'art d'échouer. Tout un programme. Des choses dont on ne parle pas, mais alors pas du tout, surtout pas dans notre société. Partout, l'on ne voit que réussite, quel que soit le niveau : ouvrez le moindre magazine, le moindre compte instagram, et vous verrez des réussites à tout point de vue, que ce soit la nouvelle recette de cuisine, votre mariage ou la naissance de bébé (forcément parfait lui aussi).

Alors oui, Elizabeth Day, dont j'avais déjà apprécié un des romans, dénote, détonne dans cette univers, quand elle crée un podcast où elle demande à ses invités de parler de ses échecs, où elle-même parle de ses échecs, dont le plus grand est sans doute le fait de ne pas avoir pu devenir mère. Oui, de nos jours où on nous dit en long, en large et en travers "un enfant quand je veux", on ne vous montre pas, ou très rarement, le protocole à suivre lors d'une fécondation in vitro, les échecs, et la fausse couche toujours possible - c'est ce qui est arrivée à l'autrice, qui ne cache pas les douleurs éprouvées (physique et morale).

Elle montre aussi que l'échec n'est pas une fin, mais peut être le point de départ d'autre chose. Elle montre aussi que l'échec est ce que l'on ressent soi, et qu'il ne faut pas laisser le regard des autres vous affecter. Plus facile à dire qu'à faire, et l'autrice a effectué un long parcours pour en arriver là.

L'art d'échouer est un livre féministe. Point. Je rappelle que le féminisme est le fait de vouloir les mêmes droits pour les hommes et les femmes. Or, Elizabeth Day nous montre à quel point les attentes envers les femmes, leurs obligations, leurs contraintes sont plus fortes que pour les hommes. Un homme a le droit d'échouer, une femme, nettement moins. Un homme peut attendre d'être prêt pour avoir un enfant, une femme n'a pas toute la vie devant elle. Un homme peut montrer sa colère, elle sera valoriser, une femme en colère sera une hystérique, il ne faut surtout pas qu'elle montre ce sentiment. Bref, une femme doit être dans le contrôle permanent, de son apparence, de ses sentiments, de sa carrière, de sa vie familiale et amoureuse. En prendre conscience, c'est aussi vouloir faire changer les choses - et montrer aussi qu'en dépit de décennies de combat féministes, il reste encore beaucoup à faire.
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