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Critique de SamueldHalescourt


Stendhal porté aux nues, symptôme d'une époque


Victor Hugo a longtemps dominé par son écrasante majesté l'histoire des lettres françaises, élu par goût majoritaire numéro un des écrivains dans le coeur des français. Mais depuis quelques décennies Stendhal l'a détrôné et occupe désormais sa place de grand magistère littéraire.

Entre froissement et perplexité, Debray tente dans son essai d'expliquer et de dénouer les enjeux de ce retournement de popularité d'Hugo pour Stendhal.

Il avance comme argument principal l'égotisme contemporain qui s'identifie davantage à Henri Beyle qu'à Hugo, que ce soit par son oeuvre ou par sa vie. Cet homme qui préférait l'Italie à la France et dont les personnages, sans grands engagements répondent à des destinées imprévisibles. A contre-courant de leur siècle, ils font désormais corps avec le nôtre.

Cette mise en perspective des deux écrivains et leur affrontement spéculatif est un exercice de style réjouissant où Debray conspue l'être moderne stendhalien en restant fidèle au monde hugolien.

La prose de Debray est toujours une joie. Cet engagement de phrases biscornues et toniques, révélatrices d'un imaginaire fécond en ébullition. On passe au-dessus et au-dessous de la ligne de flottaison de l'académisme scriptural, ballottant notre esprit captif et imposant ralentissements et accélérations dans le rythme de la lecture. Son style est une musique qui se module en fonction du sens des mots alignés, de l'enchaînement des idées et des orientations conceptuelles.

Pour conclure, un livre passionnant, porteur de tout ce que Debray charrie de pensées sur l'époque et les êtres qui la traversent. N'échappant pas à l'écueil de notre temps, je me reconnais en l'égotisme De Stendhal mais n'oblitère pas pour autant la figure tutélaire incontestée du géant Hugo.


Samuel d'Halescourt
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