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Critique de BazaR


BazaR
04 février 2023
Dans la famille Decaux, je demande le fils, Laurent.
Fils d'Alain, le célèbre conteur d'histoire.
Le fils n'a pas démérité du père, je vois ; ce roman est très agréable et instructif.

De Charles VI, je connais un peu la période de sa folie, la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, Azincourt et la domination de Henry V d'Angleterre, etc. (vous pouvez allez jeter un oeil à la superbe série BD le trône d'argile). Mais ce roman expose la période juste antérieure, qui mène à cette folie.
C'est très instructif, mais aussi très romancé. L'auteur prend le parti de tordre les faits historiques pour qu'ils confortent son scénario. Des personnages meurent avant leur heure, d'autres survivent au-delà. Mais ce qui pourrait d'ordinaire me hérisser est tout à fait acceptable ici, car Laurent Decaux décrit toutes ces dérives à la fin du livre. du moment que le lecteur est averti, la fiction n'en a que plus de saveur.

Decaux parvient à nous donner un récit haletant, bourré de sensations fortes. Les multiples personnages, du roi à la servante, sont très bien campés. Ils sont à l'opposé de façades à faits historiques sans âme. On les sent exister. J'offre la palme au truculent connétable de France Olivier de Clisson que j'ai adoré. La force tranquille du chambellan Bureau de la Rivière, la ruse gourmande de Jean de Berry, le complexe d'infériorité matinée de rêve de croisade du frère du roi Louis d'Orléans, le libertinage de la reine délaissée Isabeau de Bavière, la talentueuse jeunesse hésitant entre amour et gloire de Paul de Limbourg, enrichissent un récit où ambition, complot et poison foisonnent ( je trouve tout de même la comparaison avec Game of Thrones en couverture quelque peu exagérée).
Certes scènes sont très crues. L'amour physique, les fêtes, donnent une vision de ce moyen-âge beaucoup plus gaie qu'on se l'imagine. D'autres scènes, comme le viol d'une servante, sont épouvantables et traduisent la violence, j'allais dire de cette époque mais la nôtre n'a rien à lui envier. Je me demande si la scène du tournoi entouré de flammes a une quelconque réalité.

Le roman est vraiment bien documenté et le contexte historique irrigue le récit sans l'alourdir. J'ai visité avec plaisir le Paris de la fin du XIVe siècle et salivé à la description de la cuisine de Taillevent, maître de la Grande Soupière du roi. Les fresques de Paul de Limbourg – qui avec son frère Herman sera l'auteur du livre Les très riches heures du duc de Berry – semblent fabuleuses (c'est dans ces cas-là que l'image manque). La féodalité tire ses derniers feux tout en résistant avec force et ruse, cela se ressent. J'ai tout de même tiqué en voyant certains personnages penser à l'arrivée de l'absolutisme. Je n'imagine pas ce concept dans les esprits avant le XVIIe siècle, mais je peux me tromper.

En résumé, vous avez ici de quoi passer d'excellents moments de lecture si vous aimez le moyen-âge et les romans historiques. C'est le billet de TheWind qui m'avait décidé à me lancer. Je la remercie. J'irai sûrement regarder du côté du premier roman de l'auteur: le seigneur de Charny.

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