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Critique de YsaM


Une couverture qui fait rêver et que je trouve sublime, une quatrième de couverture prometteuse avec un de mes thèmes de prédilection, j'ai tout de suite compris que j'allais aimer ce livre et je ne me suis pas trompée, ce roman m'a totalement embarquée et je n'arrivais même pas à le lâcher tellement j'étais en symbiose avec Pauline et Nathalie, les deux héroïnes de l'histoire.

Les jeunes filles sont différentes tant physiquement que dans leur façon de vivre et de penser. Pauline incarne la sagesse, le calme et la réflexion. Elle est fille unique et vit dans un somptueux appartement Parisien. Son père, Victor, est diplomate, sa mère, Adélaïde a des origines Allemandes du côté de sa mère. Pauline est plutôt studieuse et très ouverte sur le monde, elle parle énormément avec son père et n'hésite pas à lire les journaux qu'il ramène à la maison.

Nathalie est issue de la noblesse mais ses parents tirent le diable par la queue. Son père, Pierre, a fait des placements hasardeux et la famille en pâtit. Il possède des oeuvres d'art mais la maison de campagne aurait besoin d'être rénovée et l'appartement qu'ils occupent à Paris semble bien vieillot. Nathalie est pétillante et n'a pas sa langue dans sa poche, étudier l'ennuie et pourtant, elle est capable de discuter peinture avec des professionnels parce qu'elle a appris de son père. C'est une jeune fille optimiste qui répand la joie de vivre. Elle a un frère, Louis, plus âgé qu'elle qui ne laisse pas Mathilde indifférente.

Pauline et Nathalie sont amies depuis qu'elles se sont rencontrées dans une institution religieuse de jeunes filles sept ans auparavant. Elles ne se sont plus quittées depuis, passant même les vacances d'été ensemble, mais cette année, il n'y aura pas de villégiature dans la longère des Kermadec à Saint Brieuc. Edouard Daladier, Ministre des armées, envoie toute la famille Kermadec à Berlin et Nathalie devra se contenter de sa maison de campagne avec son frère et ses parents.

Carole Declercq nous embarque, avec les Kermadec, dans ce Berlin des années 1938 où un certain Hitler a déjà posé ses jalons pour régner sur l'Europe, mis en oeuvre son projet de race aryenne et commencé son épuration du peuple juif. Elle nous plonge dans l'atmosphère étrange et stressante de cette ville qui serait si merveilleuse sans ce fou sanguinaire qui va faire trembler le monde.

La famille Kermadec descend à l'Adlon, hôtel luxueux et réputé de la capitale à deux pas de la porte de Brandebourg, où logent diplomates, journalistes et richissimes hommes d'affaires venus de partout. Ce lieu est un cocon qui masque la vraie vie extérieure où drapeaux frappés de la croix gammée flottent partout dans la ville et où des exactions sont commises sur les juifs, dans certains quartiers, par les chemises brunes.

Rien n'est laissé au hasard, l'autrice nous décrit parfaitement les lieux, -tellement bien qu'on a l'impression d'y être- et mélange habilement les véritables faits d'histoire -on s'achemine lentement vers la seconde guerre mondiale- et les premiers émois amoureux de Pauline qui va faire la connaissance d'un certain Hans von Haguenau, un homme séduisant, de dix ans son ainé, qui est, parait-il, éditeur.

L'homme est assez cavalier, semble insaisissable, est toujours là où on ne l'attend pas et réserve bien des surprises, peu importe, Pauline se jette à corps perdu dans ce début de romance et tombe amoureuse de son éditeur Allemand, mais les évènements et la politique ramènent la famille Kermadec de toute urgence à Paris. Commence alors un échange épistolaire entre Pauline et Hans qui promet à la jeune femme de vite la rejoindre à Paris et d'envisager, un destin commun.

Nathalie, de son côté, tombe sous le charme de Charles de Savigny, un Saint-Cyrien affecté dans un régiment d'infanterie. le jeune homme est un peu comme la famille Tresnel, désargenté, mais il plait énormément à Nathalie, même s'il a des idées un peu conservatrices concernant la famille et la place de la femme. Je suis d'ailleurs surprise que Nathalie qui semble si libre, adhère aux idées de Charles qui pense farouchement que les femmes n'ont pas besoin d'étudier et sont là pour se marier et fonder une famille.

J'aime beaucoup le caractère des deux jeunes femmes qui, malgré l'époque, osent s'affirmer et décident de vivre la vie qu'elles ont choisie. Pauline est un peu montrée du doigt parce que Hans est Allemand, il faut dire que les problèmes s'accumulent entre la France et l'Allemagne, mais Pauline fait fi de tout cela et saura rallier ses parents à sa cause pour pouvoir épouser son bel Allemand. Nathalie va douter d'une future union avec Charles et ne va pas hésiter à le laisser tomber pour obtenir ce qu'elle veut.

Je suis sous le charme du quotidien des deux amis que l'on suit et surveille comme du lait sur le feu. Je le répète, j'ai l'impression de vivre cette histoire et non de la lire, c'est dire à quel point je suis plongée dans le récit !

L'autrice distille quelques informations deci, delà, qui ne sont pas pour rassurer le lecteur, voilà que je me mets à douter et à me poser tout un tas de questions. Et si Pauline faisait fausse route ? Elle est très amoureuse d'Hans mais qu'en est-il de son côté ? l'homme est-il vraiment ce qu'il prétend être ? Que va-t-il se passer si la guerre éclate ?

Concernant Nathalie j'émets aussi quelques réserves, je pense aux prédictions d'un certain marchand d'art du nom de Cléoménidès, qu'elle a rencontré plusieurs fois -j'ai cru, un certain moment, que la jeune fille pouvait s'éprendre de cet homme séduisant et cultivé, même s'il semble bourru- comment une jeune fille libre comme l'air, avec des idées féministes peut-elle se ranger et se contenter d'élever des enfants alors que le marchand d'Art lui avait laissé entrevoir qu'elle avait les capacités pour être, pourquoi pas, son assistante.

Je ne veux pas en dévoiler plus, j'en ai peut-être déjà trop dit et je trouve si délicieux de découvrir le quotidien des deux jeunes femmes qu'il serait dommage d'en rajouter. J'ai passé un merveilleux moment de lecture, j'avais l'impression de faire partie de l'histoire tellement c'était intense. J'ai aimé le caractère des deux amies, j'ai aimé le parallèle avec les faits historiques et cet acheminement inexorable vers la guerre. J'ai tout aimé dans ce roman qui m'a procuré une réelle évasion, il y a des histoires comme ça dans lesquelles on s'engouffre tout de suite, où on se sent bien et parfaitement à sa place. Les personnages annexes ont aussi une histoire à raconter et je pense que dans le tome 2, avec la guerre, on en apprendra un peu plus sur la famille Rosenberg qui est juive.

Vous l'avez compris, je suis plus que conquise, c'est un énorme coup de coeur que je suis ravie de partager avec vous et je vous invite bien sûr à lire ce roman. J'ai déjà hâte de lire la suite mais il va falloir attendre Novembre pour tenir le nouveau tome dans mes mains et ça va être dur d'attendre !
Lien : https://jaimelivreblog.wordp..
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