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Critique de Warrenbismuth


Ce récit de piraterie se décline en deux parties complémentaires. le capitaine français Misson dirige le navire Victoire, assisté d'un ecclésiaste, Carracioli, le tout pimenté par quelques combats farouches contre des naisseaux ennemis. Les séquences de luttes sont nombreuses quoique peu détaillées. Dans le second chapitre intervient Thomas Tew, lui-même capitaine de navire pirate. Ayant récolté biens et trésors, les vaillants marins du Victoire construisent un lieu paradisiaque, utopique et communautaire : Libertalia.

Dans un style classique académique mais dynamique, Daniel DEFOE (1660 ? – 1731) fait vivre son histoire par un aspect aventurier et héroïque. Mais pas seulement. Il en profite pour politiser le propos. Son Misson est une sorte de grand seigneur, il souhaite l'égalité entre les hommes, la démocratie directe, notamment par le vote avant toute décision importante à bord du navire, dans l'intérêt général, le rôle de chef ne se cantonnant plus qu'au strict minimum, en cas de coups durs : un pouvoir limité et contrôlé. L'esclavage est aboli. Lorsque le Victoire capture des adversaires, ils doivent obéir à cette doctrine de liberté constitutionnelle et totale dans un respect mutuel.

Si les idées de ce livre sont flamboyantes, attirantes et concrétisent une certaine utopie du genre humain, il manque à ce récit un je ne sais quoi de profondeur. Les convictions ne sont qu'abordées rapidement, sans être fouillées, elles apparaissent comme dans un sommaire d'anthologie généraliste. de plus, le monde religieux apparaît de manière un peu étouffante au début du récit, ce qui, je vous l'accorde, peut paraître tout à fait vraisembable dans un récit du début du XVIIIe siècle. Pour finir, le tout est dénué de puissance dans l'épopée. Cependant, il est sans doute l'une de ces pierres à l'édifice, les prémices d'idéaux qui deviendront la base de l'anarchisme et du mouvement libertaire.

Par cet aspect, le livre de DEFOE peut paraître comme révolutionnaire et avant-gardiste. Pourtant, dans sa postface, Marcus REDIKER, spécialiste de piraterie, explique qu'à cette époque les idées « proto-libertaires » n'étaient pas rares au sein des navires de pirates. Il rappelle que si Misson et ses acolytes sont une création de l'auteur, ils existaient néanmoins sur les flots, d'une manière ou d'une autre.

D'ailleurs j'écris « l'auteur » et non DEFOE. Ce texte est bien extrait d'un recueil, « L'histoire générale des plus fameux pyrates » (1724-1728), attribué à Daniel DEFOE par une écrasante majorité de spécialistes, il est cependant signé Capitaine Johnson. de plus, si toutefois DEFOE paraît bien être l'auteur de ces aventures, il pourrait ne pas avoir été seul à les rédiger. Quoi qu'il en soit, il faut lire « Libertalia, une utopie pirate » comme une oeuvre fondatrice, en tout cas un miroir de son temps, plus que comme un chef d'oeuvre de la littérature. Il vient d'être réédité pour la 4e fois chez, devinez qui ? Libertalia, bien sûr ! Il est accompagné par quelques splendides illustrations (cf. : couverture du livre) de Tôma SICKART.

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