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Citations sur Effraction (8)

Elle a reculé autant que possible ce moment, avec son thé, mais là elle y est, acculée à devoir identifier et dénombrer ce qu'on lui a pris, volé. Ce n'est pas un saccage. Le salon n'est presque pas dérangé, et le peu qu'elle voit de la chambre lui indique qu'il en est de même là-bas. Elle aurait presque préféré : des tiroirs renversés, des objets brisés, des déchirures, des lacérations, elle aurait presque préféré un vandalisme intégral qui aurait fait de cette mésaventure une tragédie et non un embêtement. Un scandale, pas un contretemps. Un viol, avec violences.
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Tout le monde a un jour cette idée, passé un certain âge, tout le monde se dit je pourrais être un héros/ héroïne de roman, se dit-elle au seuil du réveil, un personnage plutôt, restons modeste, un personnage de roman se dit-elle en se réveillant tout à fait, et aussitôt elle se dit que tout le monde a forcément un jour cette idée, passé un certain âge, en se retournant sur sa vie : ma vie à moi est un roman, car il n’y a pas de vie non romanesque. Quoique beaucoup trop détachée de moi-même : jamais je ne me laisserais faire. Un sujet rétif, sec, une vie dissuasive dit-elle. Finalement non. Elle se lève, quitte
sans regret ce moment où l’on rêve toujours un peu sa vie, cette complaisance qui n’a pas d’âge.
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Je pourrais être une héroïne de roman. Je pourrais très bien. C’est à la portée de tout le monde d’être une héroïne. Ça ne dépend même pas de vous. Quelqu’un
vous prend, un écrivain, ou il vous invente, et fait de vous, de moi une héroïne de roman.
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Elle lève les yeux vers ses deux fenêtres maintenant éclairées, trop tard. Elle ne va pas se le reprocher. Si elle devait se reprocher ça , elle n'en finirait pas de se reprocher des choses, sa vie ne serait qu'un long reproche, aussi loin que ses souvenirs remontent.
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De la chance, quelle acceptation, quelle réflexion de victime, je suis une victime-née pour me dire une chose pareille, se faire cambrioler et estimer qu'on a de la chance que cela ne se soit pas produit avant, une parole de victime-née.
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Elle arrête ces réflexions, se force à ne pas penser, à constater: volée. Cambriolée. Cela arrive. Cela lui arrive. Ce soir celui est arrivée. C'est très froid. Un cambriolage parmi combien ce soir? Quel pourcentage de risque de cambriolage quand on habite Paris XIX e au premier étage sur cour? Énorme. Ce soir c'est elle. Pour la sensation de viol on verra plus tard. Là elle doit juste se forcer à : constater. C'est ton tour, voilà tu n'as plus qu'à constater. Alors entre, entre chez toi. Avance
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On ne sait pas pourquoi ce cambriolage fait resurgir quelque chose du passé. Peut-être est-ce un simple accroc dans une vie très lisse, qui dévoile, comme une déchirure sur un canapé montre au-dessous quel tissu le recouvrait avant, qu’il était rouge et doré avant d’être beige et neutre, que ça foisonnait au-dessous, les couleurs, les conversations, les postérieurs posés là de morts depuis des lustres, les verres qui s’entrechoquent et les drames qui se dénouent. Cette présence d’un jeune homme dans des meubles trop neufs pour une dame âgée, c’est autant d’anachronisme, du passé qui se glisse sous la porte comme un courant d’air. Cette intrusion a perturbé les ondes magnétiques du temps, si une telle chose existe, le champ magnétique qu’Anne sécrète elle-même, dans lequel elle se meut depuis si longtemps, et qu’elle veut absolument clair et vide, inexistant pour tout dire.
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Elle a l'impression de traîner désœuvrée dans un appartement qui est le sien sans l'être, alors que l'heure devrait être à l'urgence, à la fébrilité. Non, elle ne fait que constater, prendre la mesure des choses, et ces choses n'appellent aucune urgence, parce que fenêtre cassée, cambrioleur enfui, bijoux dérobés, chéquier disparu, que voulez-vous que je fasse sinon constater posément, l'affolement ne me rendra rien. Ce sentiment de paix quand un événement, quel qu'il soit, est irrémédiable. L'inverse même du danger.
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