Tout dans ce texte est authentique.
Des dates, des lieux, des noms ont été changés pour préserver les personnes.
Merci à celles et ceux qui ont accepté de se livrer au long de ces pages, d'où personne, jamais, ne pourra les expulser. (propos liminaire)
Qui peut comprendre ?
- Il va être comment le livre que vous allez écrire ?
C'est Paul, le frère de Rosita qui me soumet à la question, avec les yeux d'un juge attendant une réponse circonstanciée. je dis :
- Laisser des traces coûte que coûte, qu'aucun bulldozer ne pourra effacer. Se faire connaître aussi. Les gens ne nous connaissent pas et parce qu'ils ne nous connaissent pas, ils ne nous comprennent pas. Notre travail, c'est justement d'élaborer une écriture qui permette de nous faire comprendre, de nous faire connaître. C'est possible, mais ce n'est pas facile. Qui peut comprendre ? (p.51)
La nuit est aux étoiles ce que le silence est à l'écriture. Nos pensées sont là, mais pour qu'elles apparaissent, il faut s'installer un moment dans le silence. Un vrai silence, d'où on n'est pas distrait, quitte à sortir, si on préfère, pour réfléchir. (p.32)
Un bonhomme en civil est venu nous dire qu'il était là pour "recenser la population du terrain". Annette lui a fait remarquer que pour un recensement on n'a pas besoin des forces de l'ordre. Il a répondu que s'il était venu seul, on l'aurait mal reçu, insulté même, et qu'en plus ici, ils avaient trouvé de tout... Mais ça, ça ne m'appartient pas de le dire. J'aime mieux écouter que divulguer... Si on racontait quelque chose de moi que personne n'a besoin d'entendre, je n'aimerais pas. (p.21)