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Critique de Bazart


"Toi, Delaunoy, ogre des aulnes, mon couteau va te pénetrer comme tu as pénétré mon fils, te déchirer le ventre, comme tu as déchiré le sien. le mal que tu lui as fait doit t'être rendu car la justice est l'équilibre. "


On avait arrété un peu de lire les romans de Grégoire Delacourt, La première chose qu'on regarde, un roman qui parlait de cinéma et de Scarlet Johannson, et on avait trouvé que l'écrivain, pourtant tant apprécié des lecteurs ne brillait pas vraiment par la légéreté de sa plume et avait quand même tendance à accumuler les maladresses stylistiques

Heureusement, Mon Père, le huitième roman de l'auteur, qui met en scène l’abus sexuel sur les enfants, et poignante réflexion sur le besoin de se venger ne souffre aucunement de ces scories et fut un des belles surprises littéraires de ces dernières semaines.

Grégoire Delacourt réussit d'un sujet vraiment délicat , un sujet sur le fil du rasoir avec ce cri du coeur d'un père, qui vient saccager l'église d'un prêtre que son fils de dix ans a accusé de violence sexuelle contre lui.

Ce père profondément meurtri et anéanti veut absolument tout connaitre et demande la confession de ce présumé coupable, afin de tenter d'absorber le martyre de son fils en qui il avait une absolue confiance.

Suit un huis clos tendu et éprouvant, qui interroge le fait de savoir si libérer la parole et crever l'abces suffit à rendre un peu d'humanité et de dignité à une enfance bafouée ..Pendant trois jours , va se mettre en place un dialogue pendant lesquels les mensonges, les lâchetés et la grande violence intrinsèque vont ressortir.

Avec ce beau "Mon père", Delacourt interroge l'impuissance d'un homme dans sa capacité à aimer et à protéger son fils, ainsi que celle d'une institution , l'église qui doit aimer et protéger ses enfants, et qui ne le fait pas toujours non plus .

Beaucoup plus que dans ses récits précédents, Grégoire Delacourt ose l'épure, élimine l'emphase et le pathos ( seuls les passages d'Isaac et d'Abraham sont un peu lourds et hors sujets) pour se concentrer sur ce roman toute en colère et en empathie avec ses personnages, aussi faibles et perdus soient ils .

Un sujet brûlant d’actualité, en lien avec le récent film de François Ozon ( lire chronique ici même) et un roman puissant et prenant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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